Cette magnifique enluminure médiévale nous montre Lancelot faisant de son épée un pont pour parvenir au château.
C'est une représentation arthurienne de ce que les Buveurs et les Buveuses nomment le Troisième degré des Néophytes...
Nous lisons: "Lancelot passa le pont de l'épée et en passant regardoit la Reyne Genievre à une tour".
Genièvre est naturellement la "Dame de ses Pensées", sa complémentarité symbolique, son âme-sœur diraient certains...
Des petits détails sont intéressants à signaler comme les lions qui attendent sagement Lancelot.
Ils jouent le rôle du gardien du seuil, représenté par les sphinx égyptiens ou les "shishis" des temples japonais.
N'avons nous pas vu récemment la vieille représentation d'un maître entre deux lions?
Lancelot porte son haume baissé, ce qui n'est pas hyperpratique pour traverser une rivière, surtout lorsque notre centre de gravité se déplace en équilibre sur une épée et il faut trouver le fameux "juste milieu"...
Mais nous pouvons voir ce détail comme le symbole d'impersonalité qui caractérise le travail sur l'égo que les Rosicruciens associent au 2e degré Néophyte...
Cette énergie psychique, que le profane utilisait pour se créer une apparence, un ego, est désormais disponible pour "son épée".
Nous nous souvenons au passage de la manière dont ce processus était transmis dans l'évangile chrétien: "Que celui qui n'a pas d'épée vende ses vêtements et s'achète une épée."
Et nous trouvons ici la réponse à la question que se pose naturellement le Néophyte rosicrucien en voyant surgir une épée dans la représentation symbolique du 3e degré Néophyte...
En effet, le symbole du 3e degré Néophyte n'est-il pas une manière d'exprimer le même message que la traversée du Pont de l'Epée?
Nous voyons en dessous un triangle portant une croix ou combiné avec une une croix.
Quel est son "nombre" ?
Est-ce un ajout de "3" et "4" ou un produit ?
Est-ce "7" ou "12" ou encore un autre nombre?
Est-ce l'enseignement exotérique ou profane du 3e degré Néophyte sur lequel se superpose l'enseignement ésotérique du même degré qui prend la forme d'une shekinah rosicrucienne ?
Et l'épée assure la jonction, le pont entre les deux symboles...
De la même manière Lancelot quittait le monde profane pour le château représentant naturellement le Temple intérieur.
Il y a naturellement dans toutes les traditions, issues d'une certaine authenticité, une référence à ce temple intérieur, sous une forme encore claire ou détournée, laquelle référence demande à être confortée ou rejetée...
Par exemple, dans le christianisme, si l'on reconnait en Jésus l'Horus égyptien, et en "Bethanie" la "demeure", qu'en est-il de cette formulation: "Le soir venu, Jésus quitta Jérusalem et se rendit à Bethanie avec les 12 pour passer la nuit"?
Dans tous les cas, il reste à travailler sur soi-même pour maîtriser les fonctions de cette merveilleuse épée comme son pouvoir symbolique de coupure, de protection, d'adoubement, de guidance, car notre épée représente également les crocs d'Anubis qu'il conviendrait de ne pas confondre avec le premier chien galeux!