Voici un document particulièrement intéressant, qui nous est transmis par un ami du Bistrot, l'auteur célèbre Jean-François Lecompte que nous remercions.
C'est la traduction de Lemaître de Sacy, issue de la Vulgate de Port Royal, édition Desprez 1717, tome IV p268.
D'une part une proximité particulière de Saint Jérôme avec Rosenkreutz ne manque jamais d'intéresser les chercheurs rosicruciens.
Et d'autre part le mot galéatique contient "galea" qui signifie "casque" ou "huppe" et les Habitués se souviennent que le casque (helmet en anglais) a été étudié en relation avec les "Invisibles Chevaliers du Helmet" (en relation avec Bacon, Shakespeare et Hamlet...), tandis que la "huppe" nous renvoie à "une colombe rosicrucienne nommée la huppe"...
La gravure ci-dessus provient d'un émail de Limoges du 17e siècle...
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"" Il n’y a que vingt-deux lettres dans l’alphabet hébraïque, comme on peut le voir par le Syriaque & le Chaldéen qui ont un très grand rapport avec cette langue ; car ils n’en ont de même que vingt- deux qui ne différent de hébreu que par les caractères.
Le Pentateuque Samaritain n’est aussi composé que de vingt-deux lettres qui n’ont de même d’autre différence que les caractères & les accents, et il est certain que ce ne fut que depuis la prise de Jérusalem et le rétablissement du Temple sous Zorobabel, qu’Esdras, Scribe et Docteur de la loi, inventa les nouveaux caractères dont nous nous servons aujourd’hui, & jusques là les Samaritains et les Hébreux, n’en avaient point de différents.
Au Livre des Nombres, ces vingt-deux lettres y sont marquées d’une manière mystérieuse dans le dénombrement des Prêtres & des Lévites ; dans quelques exemplaires grecs le grand Nom de Dieu écrit en quatre lettres, s’y voit encore écrit avec les anciens caractères ; les Psaumes 36, 110, 111, 118, 144 quoique de mesure différente, sont néanmoins composés d’un alphabet tout semblable ; enfin les Lamentations de Jérémie avec sa prière, & les Proverbes de Salomon depuis cet endroit, qui trouvera une femme forte ? roulent sur un pareil nombre de lettres. Parmis des vingt-deux lettres les Hébreux en ont cinq qui sont doubles, le Caph, le Mem, le Nun, le Pé, & le Tsadé, & elles s’écrivent différemment selon qu’elles se trouvent, ou au commencement, ou au milieu, ou à la fin des mots, de là vient qu’on a regardé de même cinq Livres de l’Écriture comme étant doubles ; savoir, le premier & le second de Samuel, le troisième & le quatrième des Rois, les deux des Paralipomènes, les deux d’Esdras, Jérémie& ses lamentations ; ainsi comme il y a dans hébreu 22 lettres d’où se forme tout ce qui peut s’exprimer en cette langue, de même aussi nous comptons vingt-deux livres qui sont comme les éléments & les premières instructions qui conduisent l’enfance de l’homme jusqu’à la parfaite science de Dieu.
Les Hebreux appellent le premier livre Bresith que nous appelons Genèse
Le second, Elle smoth, ou autrement l’Exode
Le troisième Vajecra, ou autrement Levitique
Le quatrième, Vajedabber ou autrement Les Nombres
Le cinquième, Elle Haddabarim, ou autrement Deuteronome
Ce sont là les cinq Livres de Moïse q’ils appellent proprement Thora, ou Loi.
Ils mettent au second rang les Prophètes, & les commencent par Josué-ben-Nun, ou Jesus fils de Navé.
Ensuite se trouve le Sophtim, ou Livre des Juges auquel ils joignent Ruth parce que cette histoire est arrivée sous les Juges.
Le troisième est Samuel, ou le premier & le second des Rois
Le quatrième, Malachim, ou le troisième & le quatrième des Rois ; & il est beaucoup mieux de dire Malachim des Rois que Malachot des royaumes ; puisaque ces livres ne sont pas l’histoire de plusieurs nations, mais seulement celle du peuple d’Israël composé de douze Tribus.
Le cinquième, est Isaïe
Le sixième, Jérémie
Le septième, Ezéchiel
Le huitième, Tharé Asra, ou le Livre des douze Prophètes
Le troisième ordre, est celui des hagiographes.
Le premier de ces livres est Job
Le second David , sous un seul volume de Psaumes qui partagent en cinq classes.
Le troisième Salomon, qui comprend trois livres, les Proverbes qu’ils appellent Masaloth, ou Paraboles.
Le quatrième, Coëleth ou l’Ecclésiaste
Le cinquième Sir Hassirim ou Cantique des cantiques
Le sixième Daniel
Le septième Dabre Ajamim, c’est-à-dire, Paroles des jours, ou mieux encore, Chronique de toute l’histoire sacrée, que nous appelons le premier & le second des Paralipomènes
Le huitième Esdras, que les latins divisent en deux Livres
Le neuvième Esther
Ce sont là les vingt-deux Livres de l’Ancien Testament, cinq de Moïse, huit des Prophètes, & neuf des Agiographes ; quoique quelques uns mettent Ruth & Les Lamentations de Jérémie au rang de ces derniers, & croient qu’on doit les compter séparément comme les autre & admettre ainsi vingt-quatre Livres au lieu de vingt-deux, s’imaginant qu’ils ont été figurés par ces vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse qui adorent l’Agneau, & qui prosternés contre terre jettent leurs couronnes au pié du trône en criant : Saint, Saint, Saint le Seigneur Dieu tout puissant, etoit, qui est, & qui sera.
Ce Prologue que j’ai mis à la tête du Canon des saintes Écritures peut convenir à tous les Livres que j’ai traduits d’Hebreu en latin ; en sorte que tous ceux qui ne s’y trouveront point insérés soient regardés comme apocryphes ; ainsi la Sagesse attribuée communément à Salomon, le Livre de Jesus fils de Syrach, Judith, Tobie, & le Pasteur, ne sont point du Canon. J’ai trouvé le premier livre des Machabées en Hebreu ; quant au second, il a été écrit en grec, comme on le peut aisément reconnoître par le stile. Il ne me reste plus qu’à prier le lecteur de ne point croire que l’aye entrepris cet ouvrage dans la vûe de rabaisser le mérite des anciens interprètes. Chacun a la liberté d’apporter son présent au Temple du Seigneur, les uns y viennent chargés d’or & d’argent & de pierres précieuses ; les autres d’étoffes de fin lin, de pourpre, d’écarlate & d’hyacinthe ; Pour moi je m’estime heureux de pouvoir y offrir des peaux & de simples étoffes de poils de chèvres ; puisque l’Apôtre regarde ces dons, quelque vils qu’ils paraissent, comme les plus nécessaires. Et en effet, toute cette pompe extérieure du Tabernacle où par divers ses beautés éclate partout la distinction de l’Eglise présente d’avec la future ; toute cette pompe, dis-je, avait besoin de peaux et de rideaux qui servaient à la garantir des ardeurs du soleil & des autres injures du temps : Lisez donc le premier de Samuel & mes deux derniers Livres des Rois, que je puis appeler ainsi, s’il est vrai que rien ne soit à nous à plus juste titre que ce que nous nous sommes rendu propre par une longue & sérieuse attention, & par des soins & des travaux assidus. Quand donc par mon travail vous aurez appris ce que jusque là vous aviez ignoré, alors si la reconnaissance vous force de me rendre justice, vous ne ferez point de difficulté de me regarder comme un interprète, sinon je ne serai à vos yeux qu’un paraphraste, quoique je n’aye point à me reprocher d’avoir altéré en aucun endroit la vérité du texte original. Si cependant vous refusiez de me croire, lisez les exemplaires grecs & latins, comparez-les avec ces petits ouvrages que j’ai mis au jour depuis peu, & sur les endroits qui vous paroîtront différents, consultez les plus habiles d’entre les Hebreux, alors qu’ils se trouvent de mon sentiment vous ne croirez pas sans doute que ce soit le hazard qui les ait fait penser comme moi sur un même endroit.
Mais pour vous ô dignes servantes de Jésus-Christ ! qui répandez sur la tête du Seigneur le précieux parfum de votre foi, vous qui ne cherchez plus le Sauveur dans le sépulchre, & pour qui le Christ est déjà monté à la droite du Père, je vous conjure d’opposer vos prières comme un bouclier impénétrable contre les traits mortels de mes ennemis, qui semblables à ces chiens furieux dont parle le Prophète, ont environné la ville pour m’attaquer de toute leur rage, & qui regardent comme un titre légitime de science & d’habileté d’avoir pû nuire par leurs calomnies à la réputation des autres : Pour moi dans la vûe sincère de ma bassesse, je me souviendrai toujours de ces paroles du Roi Prophète :
J’ai dit, je veillerai sur ma conduite pour ne point pécher par ma langue : j’ai mis un frein à ma bouche, tant que j’ai vu le pêcheur en ma présence : je me suis tût & je me suis humilié, & je me suis même abstenu de ce que je pouvais dire de bon.""