Dans un récent message, il était affirmé que c'était Spencer Lewis qui avait introduit le conte du pain d'épice et l'allégorie des deux soleils, mais en fait, il n'avait fait que cautionner silencieusement une monographie qu'il n'avait pas rédigé...
Nous nous souvenons que dans la version rosicrucienne qui était dévelopée, le renard avait disparu...
C'était un détail frustrant évidemment pour les alchimistes qui ne voient leur grand œuvre qu'à la lumière de sa queue rousse...
A ce sujet, la Tradition renchérit, par une formule hermétique, en dénonçant parfois ceux qui s'évertuent à faire "le symbole de la croix avec la queue du renard".
Mais cette notion ésotérique fait, une fois de plus, référence à une expérience sur laquelle il est difficile de communiquer...
Oui, ça part mal!
Jean de La Fontaine avait partagé indirectement ce sujet en expliquant qu'un renard avait fait "l'expérience du piège" et s'en été finalement soustrait en y "abandonnant sa queue".
Et naturellement, il avait tenté de faire profiter les autres renards de son expérience, en leur suggérant de se faire eux aussi couper la queue, mais ceux-ci l'avaient rejeté lorsqu'il leur avait montré son arrière-train écourté...
Mais La Fontaine raconte cela très bien tout seul:
LE RENARD AYANT LA QUEUE COUPEE
Un vieux renard, mais des plus fins,
Grand croqueur de poulets,
Grand preneur de Lapins,
Sentant son renard d'une lieue,
Fut enfin au piège attrapé.
Par grand hasard en étant échappé,
Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue;
S'étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux,
Pour avoir des pareils (comme il était habile),
Un jour que les Renards tenaient conseil entre eux:
Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les sentiers fangeux?
Que nous sert cette queue ?
Il faut qu'on se la coupe:
Si l'on me croit, chacun s'y résoudra.
Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe;
Mais tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra.
A ces mots il se fit une telle huée,
Que le pauvre Ecourté ne put être entendu.
Prétendre ôter la queue eût été temps perdu;
La mode en fut continuée.
Le sujet doit rester bien hermétique à certains Habitués du Bistrot qui doivent se demander à quoi correspond cette queue du renard où s'il s'agit, d'une référence sexuelle?
Il peut être utile de présenter l'histoire autrement et en variant le point de vue...
Un premier point consiste à dire que de la même manière que tout le monde ne met pas forcément la même idée derrière la Rose+Croix ou le rosicrucianisme, tout le monde ne met pas la même chose derrière l'alchimie...
Ainsi, les Rosicruciens font une distinction entre une alchimie qu'il pratiquent et celles des "souffleurs" qui utilisent un creuset extérieur et sur le feu duquel ils "soufflent" pour l'attiser.
Un autre aspect, que nous avons évoqué, est lié au renard et à sa couleur rousse qui fait de lui un symbole sethien (de Seth, la divinité des "étrangers"), qui exprime donc la ruse, et aussi la pseudo sagesse du monde "extérieur", quand bien même le renard serait très vieux et très expérimenté.
Dans les traditions orientales, le renard utilise même sa méthode (狐法, en japonais, on prononce "kituné-ho", littéralement: la "technique du renard") à base de magie afin que par ses ruses, Inari (稲荷) la déesse extérieure de la fertilité agricole puisse s'infiltrer dans nos vies parfois sous la forme d'une charmante succube asiatique nous ouvrant la porte de son égrégore ou nous offrant la clef de l'énigme...
Nous avons vu sur l'image d'en haut la déesse Inari sous la forme d'un renard tenant une clef dans sa gueule...
Mais pour comprendre tout cela, il convient de découvrir que les profanes et les initiés ne vivent pas tout à fait dans le même monde.
Pour donner un exemple concret, il peut arriver qu'un Rosicrucien avancé, qui a su s'affranchir des égrégores, réalise parfois en public une expérience alchimique toute simple mais avec des effets impressionnants sur la montée du taux vibratoire.
Naturellement une personne du public sera tenté de répéter cette expérience des dizaines de fois, sans obtenir le moindre résultat appréciable.
Pourquoi cette absence de résultat?
Simplement parce que le profane vit en quelque sorte dans un univers différent et ne se rend pas compte que seul un indispensable travail sur lui-même, lui aurait permi d'accéder, par exemple, à la fameuse humilité ésotérique garantissant la maîtrise du processus tant souhaité.
C'est finalement ce travail qui est évoqué dans l'idée de couper la queue du renard!
Pour en revenir à la monographie concernant le conte du pain d'épice et l'allégorie des deux soleils, votre bistrotier n'avait pas encore été en mesure de remarquer qu'il s'agissait d'une "lettuce", une monographie signée Clément Lebrun...
Rendons-donc fraternellement à Lebrun la disparition du renard!