Certaines sciences comme les mathématiques, peuvent facilement se transmettre et l'élève partage alors les mêmes conventions et la même compréhension que son maître, il y a alors entre eux une sorte d'osmose, de cohésion.

Léonard de Vinci l'exprimait à sa façon en parlant de "sciences imitables":

"Les sciences imitables et quantitatives sont celles ou le disciple se fait égal à son maître, comme les mathématiques".

Joséphin Péladan complètait ainsi la pensée de Léonard de Vinci:

"Les sciences inimitables et qualitatives sont celles qui ne peuvent se léguer par héritage et où le disciple n'atteint jamais le maître. La beauté ne se prouve pas, elle s'éprouve".

En fait, il ne s'agit plus pour l'élève de se comparer au maître, mais plutôt d'adhérer comme lui à un "message maître" qui les transcende tous les deux, à moins que Péladan ne veuille parler d'une manière voilée d'un intermédiaire comme un "guide cosmique" qui transmet la connaissance.

Mais les deux processus illustrent bien les fonctionnements de la cohésion et de l'adhésion. 

Ce n'est pas tous les jours que l'on découvre ce type de lettre dans les archives du milieu ésotérique... On appréciera la fermeté et l'humour! Il s'agit d'une réponse de Edouard Blitz à Sédir (Yvon Le Loup) qui était le secrétaire de Papus. Edouard Blitz qui fonda aux USA "l'Ordre Martiniste Américain Rectifié" connaissait Spencer Lewis. A la suite de cette lettre, Papus chercha un autre correspondant aux USA, et Edouard Blitz de son côté se rapprocha de Stanislas de Gaïta.

«Mon cher frère, votre lettre du 22 Décembre 1901 m'a pris par surprise et ... je me demande à quels jeux nous jouons ici? Vous avez écrit: "Comment pourrais-je prouver que vous êtes dans le juste?" Cette question prouve que vous ignoriez le contenu du rapport que vous me reprochez d'avoir envoyé en août dernier, parce que si vous connaissiez ce Mémoire il vous serait facile de me ressentir en bien ou en mal, selon la manière dont vous prendiez mes arguments. 

Qu'est-ce qui me prouve davantage que vous êtes ignorant de ce mémoire, que j'ai adressé à Papus, est-ce que vous m'accusez d'un crime que j'ai expressément évité à tout prix..., donner au Martinisme une coloration Maçonnique..., et au sujet duquel, mon Cher Frère, vous êtes cruellement mal informé: au contraire, je fus celui qui ne voulut pas contribuer à crèer une sorte de Martinisme transformé sous une forme de Maçonnerie clandestine! 

En conclusion, pour mettre fin à tout cela, je vous informe que depuis 1896 ou 97, j'ai prié, supplié Papus de ne pas compromettre l'Ordre tout entier en créant des rites maçonniques clandestins, je l'ai prié et supplié d'envoyer quelques enseignements pour nos membres ... nous nous étions tout promis, les enseignements, une copie des archives, de nouveaux degrés, etc, mais rien ne fut jamais réalisé. Nous sommes finalement parvenu à la conclusion que l'Ordre en France est un mythe, que le Suprème Conseil ... ne fonctionne que dans l'astral ... Pour ma part, j'espère que mon initiative permettra de renoncer à ce nouvel Ordre Taxilien (NdT. référence aux canulars de Leo Taxil) et permettez-moi de m'occuper de sujets plus sérieux. Si, toutefois, le Conseil Suprème veut donner à l'Ordre une réelle base solide mes «Documents providentiels» seront utilisés avec profit... dans cette affaire, j'ai cherché seulement à travailler pour le bien de l'Ordre. Il ya une limite à tout, j'ai averti Papus il y a longtemps ... j'ai patiemment attendu plus de 6 ans c'est suffisamment long."

Voici l'original de la traduction:

" My Dear Brother, your letter of 22 December 1901 took my by surprise, and ... I ask myself 'what games are we playing here?' You wrote: 'How would I prove that you are correct?' That question along proves that you were not aware of the content of the Report that you reprimand me for sending last August, because if you were, it would be easy to prove me either right or wrong, depending upon how you take my arguments. What proves to me even more that you are ignorant of that Memoire, which I sent addressed to Papus, is that you accuse me of a crime which I specifically avoided at all cost... [giving] Martinism a Masonic tint... [and] about which, my Dear Brother, you are sorely misinformed; on the contrary, it was I who did not want to be party to transforming Martinism into some form of clandestine Masonry!... Finally, in ending this I tell you, that from 1896 or 97 I prayed, begged Papus not to compromise the whole Order by creating some clandestine Masonic Rite; I prayed and begged him to send some teachings for our members... we were promised everything, teachings, a copy of the archives, new degrees, etc... but nothing was ever realized. We finally came to the conclusion that the Order in France is a myth, that the Supreme Council ... functions only in the astral... For my part, I hope that my initiates decide to abandon this new Taxilian Order to permit me to pursue more serious matters. If, however, [the Supreme Council] wants to give the Order a real, solid base... my 'providential documents' will be put to use... in this whole affair, I sought only to work for the good of the Order. There is a limit to everything, I warned Papus a long time ago... patiently waiting for more than 6 years is long enough."