Nous nous souvenons des superstitions qui alimentaient notre environnement en 2012 autour du thème de la fin du calendrier maya.
A cette époque, une importante éruption solaire était passée sous silence, "a solar dejection" comme l'expriment les américains.
L'éruption était passée à quelques degrés de l'orbite terrestre sans que les humains ne remarquent ou ne ressentent quoi que ce soit.
Mais concrètement, à quelques jours près, elle aurait donc pu magnétiser la terre et c'est intéressant d'imaginer, sans chercher à faire du catastrophisme, que statistiquement ce type de phénomène doit atteindre effectivement la terre à peu près une fois tous les 150 ans.
Par exemple en 1859, l'astronome anglais Carrington avait assisté en direct à la dernière grosse éruption ayant réellement atteint la terre, mais sans grand effet objectif concret vu l'absence d'appareils électroniques fonctionnant à l'époque.
Carrington observait par hasard le soleil et il était parvenu à évaluer la vitesse de l'onde solaire (2000km/s) ce qui nous permet de constater qu'elle part du soleil et atteint la terre en un peu moins d'une journée.
A l'époque, rien ne risquait d'être détruit: il n'y avait pas d'ordinateurs, d'avions, de voitures, d'appareils ménagers et encore moins de satellites fontionnant avec un complexe transfert électronique susceptible d'être perturbé...
Donc pour résumer, mettons que Râ se sente légèrement contrarié et qu'ainsi le soleil se décide à nous envoyer une éruption du style de celle de Carrington, elle nous atteint en une journée et toute l'activité électrique humaine se trouve endommagée, parfois stoppée, parfois perturbée avec le déclanchement pervers possible de certains dommages!
Cela pourrait provoquer un retour à la civilisation du 18e siècle comme l'exprime l'astronome Pete Riley qui a publié un article sur le sujet en février 2014 dans Space Weather, lequel est naturellement une excellente base d'inspiration pour un bon papier de journaliste désireux de partir en vacances:
- "Rendez-vous compte ma brave dame que Carrington provoquerait de nos jours 2000 milliards de dollars de dégats..."
Naturellement, en principe, nous sommes protégés d'une manière générale des petites éruptions solaires par le notre champ magnétique terrestre.
Quoique, Geb (la terre) donne aussi parfois des signes de mauvaise humeur et pourrait décider de moins nous protéger...
Nous apprenons à l'école, et oublions généralement aussi rapidement, que notre champ magnétique terrestre est mesuré depuis le 17e siècle et qu'il est de nos jours de "40000nT" (nT évidemment pour nanotesla!).
Et ce champ magnétique varie légèrement montrant ainsi que la terre n'a pas que des continents dérivants mais aussi un noyau à l'intérieur nageant dans le magma terrestre.
Il y a vraisemblablement plusieurs noyaux qui parfois se heurtent plus ou moins gentiment, comme des quintuplés dans un placenta, en provoquant des petits sauts magnétiques...
Or ce champ magnétique qui variait assez régulièrement en perdant à peu près 45nT par an, a décidé de s'accélérer à la baisse (on en est 80nT sur les 6 derniers mois), tandis que le pôle magnétique a finalement choisi depuis un siècle de se diriger lentement vers la Sibérie, comme le montre cette carte canadienne dite de la "dérive agonique" qui, elle, part vers l'ouest, vu que les scientifiques par une de ces vieilles conventions dont les terriens ont le secret, voient au Nord leur pôle magnétique Sud.
C'est ainsi depuis si longtemps qu'il ne faut surtout pas penser à changer quoi que ce soit, donc, n'y pensons plus!
Le terme "agonique" se rapporte à "l'agonie" du magnétisme terrestre, c'est une inspiration poètique d'Edmund Halley au 18e siècle.
Celui-ci ne pouvait pas deviner que cela fait seulement 1500 ans que le magnétisme diminue, mais ce n'est pas définitif, un jour, le magnétisme, comme la fameuse croissance, repartira à la hausse...
Ce déplacement du pôle magnétique vers la Sibérie conduit naturellement à évoquer le sujet dit de "l'inversion des pôles".
On en parle assez peu en langue française, mais les Buveurs du Bistrot apprécieront de savoir qu'il convient de le traduire en anglais par "pole shift" afin de bénéficier de davantage d'informations sur internet!
Il s'agit donc d'un changement assez net, parfois lent mais parfois assez violent du pôle magnétique comme la terre en a déjà connu environ 300 sur 200 millions d'années.
Il est donc possible de calculer qu'il s'en produit un tous les 650 000 ans et peut-être pas tous les 250 000 ans comme on le raconte généralement.
En revanche, la terre semble un peu en retard: le dernier "pôle shift" s'est produit il y a 850 000 ans.
Ne serais-ce pas amusant que Geb, lassé de 200 000 ans de retard, se dise à son tour "le changement, c'est maintenant"...