Voici une page de l'Express du Midi du 18 septembre 1937 comportant un article (dont les Habitués du Bistrot apprécieront la signature!) annonçant le décès du photographe Clovis Lasalle dont Harvey Spencer Lewis avait requis les services à Toulouse. Comme c'est un des rares noms que mentionne HSL, dans son Voyage d'un Pelerin vers l'Est, une spéculation audacieuse faisait, pour certains, de ce toulousain un Grand Maître secret de la Rose+Croix... A la lecture de la présente nécrologie on découvre plutôt que le photographe réputé était un collaborateur apprécié pour sa documentation photographique et son talent de projectioniste.
Monsieur Lassalle
Photographe
Bien des Toulousains, je pense, au moins de ceux qui ont les cheveux gris, avaient appris avec quelque peine, en ouvrant leur Express du 15 courant, la mort de M, Lassalle, le photographe bien connu des familiers de nos Sociétés savantes et de notre Hôtel d'Assezat.
A vrai dire, il y avait déjà bien des années qu'on ne l'y voyait plus, notamment à cette société de géographie, toujours bien vivante et même toujours en progrès, dont il avait assuré pendant bien longtemps le service des projections.
Il y avait bien longtemps, en effet, qu'il en était tenu éloigné par cette longue et douloureuse maladie qu'indique le faire part publié dans nos colonnes.
Il me semble qu'il y aurait quelque ingratitude à le laisser partir sans penser un peu à lui.
Ne vous semble-t-il pas que nous lui devons quelque reconnaissance ?
Le succès de la société de géographie était dû, comme il l'est encore, à bien des causes : la compétence et le dévouement de ses secrétaires généraux, le regretté Félix Guenot et M. De Montrabert, la culture bien disant de ses présidents et l'attrait comme la diversité de ses conférenciers.
Mais que seraient les conférences de la société de géographie sans les projections ?
M. Lassalle les assurait avec une ponctualité, un scrupule et une habileté technique auxquelles chacun rendait hommage.
Dès qu'on entrait, on recherchait du côté de l'appareil sa haute silhouette, et, quand on avait aperçu son fin profil avec sa légère barbe en pointe comme on les voit dans les portraits des Valois dessinés par Clouet, on était rassuré : "Monsieur Lassalle est là, nous pouvons commencer " il était toujours là bien avant l'heure.
Mais M. Lassalle avait un mérite plus important.
Il était in excellent photographe, un "photographe d'art" comme dit fort justement le faire part, à une époque où la photographie était moins répandue qu'aujourd'hui, et il s'était spécialisé dans la reproduction des œuvres d'art, en effet, peintures et dessins anciens, sculptures, bas reliefs et chapiteaux de nos musées, manuscrits de nos bibliothèques, églises et châteaux de notre moyen âge et de notre Renaissance, céramiques, sceaux, ivoires... toutes les reliques du passé.
Comme il était in esprit cultivé et même un archéologue averti, il considérait avec un respect attentif ces pièces précieuses qu'on lui demandait de reproduire, et il n'avait besoin d'aucune recommandation pour faire "venir" en plus particulier relief les parties intéressantes et difficiles qu'il importait surtout d'obtenir.
C'est ainsi qu'il a apporté pendant bien longtemps une collaboration aussi précieuse qu'affectueuse à la grande maison d'édition Privat, si je ne me trompe, et à nos savants les plus éminents et les plus regrettés les Lahondès, les Cartailhac...
N'est ce pas lui qui a donné les grandes planches de ce bel album de paléographie méridionale de M.Galabert et, je crois aussi les planches du remarquable album des monuments du Midi de la France de Cartailhac chez Privat, qui est devenu si rare et qu'il faut payer si cher aujourd'hui ?
A ce titre, et à ce titre surtout, M. Clovis Lassalle à été un des bons collaborateurs et propagateurs de la science toulousaine.
Il avait aussi une qualité : quand il publiait un document, il en indiquait toujours la provenance : "collection de M. Tel", "musée des Toulousains de Toulouse " voilà une probité qui devient rare aujourd'hui.
Enfin, il gardait toujours par devers lui un cliché de tout ce qu'il reproduisait. Etait-ce très juridique ? Je n'en sais rien ; mais en tout cas, il devait avoir recueilli ainsi une collection infiniment riche et précieuse pour l'histoire de l'art de Toulouse et du Midi.
Que deviendra cette collection ?
On aimerait la voir acquérir, si ce n'est déjà fait, par la ville de Toulouse ou par l'université.
De toute façon, M. Clovis Lassalle, qui est mort vers le 13 septembre à Prat-Bonrepaux (Ariège ) et qui repose aujourd'hui chez nous à Terre-Cabade, mérite la gratitude des Toulousains et, au moins dans nos colonnes éphémères un adieu reconnaissant, dont nous offrons l'hommage attristé à sa famille en deuil.
LE GUETTEUR DU DONJON.
(début de l'enquête...)
(à suivre...)
Anglais : Clovis Lassalle, one of the good collaborators and propagators of Toulouse science.
Allemand : Clovis Lassalle, einer der guten Mitarbeiter und Verbreiter der Toulouser Wissenschaft.
Espagnol : Clovis Lassalle, uno de los buenos colaboradores y propagadores de la ciencia tolosana.
Italien : Clovis Lassalle, uno dei buoni collaboratori e propagatori della scienza di Tolosa.
Portugais : Clovis Lassalle, um dos bons colaboradores e propagadores da ciência de Toulouse.
Grec : Ο Clovis Lassalle, ένας από τους καλούς συνεργάτες και διαδότης της επιστήμης της Τουλούζης.