""Mais je ne devais pas perdre de vue ma commission. Ah oui, Monsieur le photographe! Il était là...
Il m'a observé, reconnaissant probablement qui j'étais par la différence d'habillement et l'apparence générale. Mais je ne l'ai pas reconnu jusqu'à ce que je vis l'étrange signe que le jeune homme m'avait fait à Montpellier.
Alors je me suis approché de lui. J'ai dit "Pardon Monsieur" (en français dans le texte), "mais je crois que je suis en train de m'adresser à un gentleman qui a quelques informations à donner à quelqu'un qui est entrain de chercher la Lumière."
Cela m'avait semblé être une manière très propice de m'adresser à lui. Sa réponse était en français et je n'ai pu comprendre qu'un seul mot: "yes".
Voyant mon embarras il a extrait de sa poche un papier et avec un stylo il a écrit quelques mots et me les a tendus à lire.
Je peux lire le français mieux que je ne le parle. En fait ce n'est pas la comparaison exacte. Je peux lire environ une centaine de mots français et je ne peux utiliser en langage parlé que 3 ou 4.
Ce qu'il a écrit disait cependant: "Pourquoi étudiez-vous tant ce qui a été peint dans ce renfoncement?"
Ce que j'ai lu m'a déçu. J'ai pensé en premier qu'il s'agissait d'un constat. Avec ma connaissance limitée du français, c'est seulement le point d'interrogation à la fin qui m'a permi de comprendre que c'était une question.
Et après tous ces espoirs, une telle question...
-"Parce que Monsieur", dis-je, "cela paraît si magnifique, si merveilleux et exprime tout ce à quoi je crois. J'ai vu en cela une très mystérieuse signification, un symbole de -".""
Version américaine:
But I must not forget my errand. Ah, yes, Monsieur the photographer! He was there. He watched me, probably knowing who I was by difference in clothing and general appearance. But I did not know him until I saw that some strange sign which the young man had given me in Montpellier. Then I approached him. "Pardon Monsieur," I said, "but I believe I am addressing a gentleman who has some information for one who is seeking Light." That seemed to be a very proper way of addressing him. His reply was in French - and I could understand but one word, - "yes." Seeing my embarrassment he took from his pocket a paper and with a pencil he wrote some words and handed it to me to read. I can read more French than I can speak. In fact that is not the proper comparison. I can read about one hundred French words - and can speak only three or four. What he wrote, however, said: "Why did you so study that one painting in the alcove?" I was disappointed at what I read. At first I thought it was a statement. It was only the question mark that enabled me to realize - with my limited knowledge of French - that it was a question. And such a question after all the expectations. "Because, Monsieur," I said, "it seems so beautiful, so wonderful and expresses what I believe. I see in it a very mysterious meaning, a symbol of -"
Commentaires:
La grande question soulevée par ce passage est de se positionner par rapport au photographe.
Fondamentalement un photographe établit une expression identique à la réalité. Le symbole est donc celui du peintre qui réalise une œuvre exprimant ce qu'il capte dans la conscience cosmique.
Sous cet angle, les œuvres rosicruciennes que Lewis apprécie dans la Salle des Illustres, à savoir, "l'Apparition de Clémence Isaure aux Troubadours" et la "tradtion" transmise par Raymond VI montrent un travail de "photographe"...
Sous cet éclairage, le photographe rencontré qui "déçoit" le narrateur et ne parvient pas à se faire comprendre sans écrire est naturellement un profane. Cela n'empêche pas, comme pour le jeune homme de Montpellier (qui faisait le même signe "étrange" [= venant d'un étanger] de reconnaissance) , de suivre les indications transmises qui peuvent une fois correctement décodés se révéler des messages allégoriques malgré tout issus "d'en haut" et utiles pour la quête...
Il semble que le photographe (profane) soit Clovis Lasalle, le photographe de Toulouse auquel Spencer Lewis n'a pas manqué de faire appel pour photographier les deux œuvres qui l'intéressaient. Pour la petite histoire certains font audacieusement de ce Clovis Lasalle un grand Maitre caché de la Rose+Croix... Voir également à ce sujet ce lien sur une discussion intéressante du forum du crc
- Nous avons déjà vu que le "français" est allégoriquement, dans le Voyage vers l'Est, la langue du monde invisible et Spencer Lewis nous fait une révélation qui peut s'appliquer à des symboles magiques en expliquant qu'il peut en déchiffrer une centaine, mais ne peut en utiliser que 3 ou 4. C'est une formulation qui caractérise remarquablement bien l'utilisation rosicrucienne des symboles de la Haute Magie...
- Naturellement la phrase en suspens ne dit pas au profane que les œuvres à photographier décrivent le fonctionnement ésotérique de la Rose+Croix...