C'est le sujet rosicrucien par excellence sur lequel le Bistrot revient régulièrement en l'abordant à chaque fois par des facettes différentes.
C'est sans doute parce qu'aucune d'entre elles n'est pleinement satisfaisante...
En 2011, l'approche de Balzac: "vir nobilis" évoquait cette noblesse de cœur qui rapproche certains êtres par la sincérité de leur aspiration alors que le monde en général demeure inerte à cette sensibilité si particulière. Cela débouchait sur une ouverture à l'ésotérisme, cette face cachée de la Connaissance à laquelle le plus grand nombre s'interdit de lui-même l'accès...
En 2012 un autre message, sans doute le plus consulté du Bistrot, présentait l'approche de Franz Hartman sous le titre "comment reconnaître un Rosicrucien?", mais quelques petits détails, laissaient ressortir des anomalies (par exemple il ne s'agissait pas du "temple" mais d'un "pronaos" qui n'est pas le temple lui même, tandis que la chaîne d'union suggérée figeait la cohésion d'un égrégore au lieu de susciter l'adhésion cosmique de chacun) qui montraient que Hartman évoque les apparences d'un cercle extérieur mais pas les véritables aspirations sincères des authentiques Rosicruciens.
En 2018, "Êtes-vous un Ariste?" attirait l'attention sur la tentative de Péladan de susciter par l'art l'éveil du monde à une sensibilité plus raffinée dans un environnement dégénérescent. Ce terme d'ariste se rapporte naturellement à notre "Noblesse Cosmique" d'aujourd'hui...
Une "Veilleuse" de passage du Bistrot ne manquait pas de relever avec raison que "certaines œuvres de Péladan sont vraiment de qualité et qu'il serait dommage, sinon dommageable, de les ignorer sous prétexte que sa personnalité n'a rien de comparable à un véritable initié"...
Revenons à nos "aristes" qui ne forment pas une aristocratie. Dans aristocratie, il y a le grec kράτος (kratos) qui fait référence au pouvoir, à la puissance. Ce n'est surtout pas le but à rechercher: si l'ariste dispose de pouvoirs, c'est seulement un effet secondaire, jamais un désir égotique. Voir, par exemple, à ce sujet la magnifique allégorie japonaise du Dordje de Kukaï.
Alors que la société du 21e siècle, influencée par la face sombre qui domine ses réseaux sociaux, et déçue par ceux qu'elle considère comme appartenant aux élites, rejette désormais toute notion d'élite à respecter.
Les aristes, ces êtres cosmiquement anoblis, constituent donc toujours une élite discrète et marginale dans un monde qui n'envisage même pas leur existence.
Au 18e siècles ils étaient parfois nommés "Supérieurs Inconnus" ou "Eques Professus" (chevaliers profes). De nos jours, si on parle d'"Illuminatis" ou de "Rose+Croix", c'est encore pour trouver des responsables complotant à la déchéance du monde.
Il faut dire que l'erreur vient de loin: un Rosicrucien parlerait-il vraiment de "Rose-Croix" pour évoquer une personne?
Toujours est-il que personne ne peut revendiquer son appartenance à cette dignité, de même qu'aucun groupe ne peut prétendre rassembler ces dignitaires!
Mais n'est-il pas bon de répandre l'idée que cette noblesse cosmique existe et que ce n'est qu'un état de sincérité auquel chacun peut accéder par lui-même avec une simple décision?