Voici un nouvel épisode de notre traduction inédite du Voyage vers l'Est.
Il est naturellement conseillé de prendre son temps à méditer ces différents messages qui transmettent allégoriquement certaines notions ésotériques.
Et, lorsque l'on prend conscience d'un nouveau niveau de communication ou d'une nouvelle finesse relationelle dans ce texte initiatique, il est judicieux de savoir prendre son temps d'en reprendre la lecture depuis le début...
Ainsi, depuis la traversée de l'Atlantique la scène pourrait se passer dans le monde subtil...
""C'est ainsi que nous avons passé une partie de la nuit à parler comme nous le faisions sur le bateau.
C'était sans concession...
Il était perse et non indien des Indes. Je le découvris, mais il était suffisamment habile pour me l'avoir permis.
J'ai aussi découvert qu'il vivait le plus souvent en Egypte et visitait annuellement sa Madame sur les rives de l'Hudson, où elle conservait sa villa américaine et dirigeait son travail caritatif américain.
Il était son agent de confiance. L'était-il aussi pour d'autres?
- "Savez vous, Monsieur P., que le carré de papier comportant vos nom et adresse, que vous m'avez donné, m'a bien servi, je l'ai donné à un homme à Paris..."
- "Vous l'avez donné à un homme à Paris?"
Son ton, son expression, ses mots, indiquèrent une surprise extrême, et il eut peut-être un recul.
-"Pourquoi? Oui, il a demandé à voir quelques papiers et je lui ai montré nonchalament... Il semblait très heureux et m'a conseillé de bien le garder."
-"Vous l'avez encore?"
-"Oui, bien sur."
Je l'ai rassuré en le lui présentant. Il était ravi.
-"J'ai crains un moment", a-t-il dit, en partie pour s'excuser. "Vous voyez, mon ami, vos paroles ont été mal choisies. Vous avez dit: je l'ai donné à un homme à Paris. Vous auriez dû dire: je l'ai montré à un homme.
C'est juste une petite chose, je vous l'accorde, mais, dans tout ce pays, qu'il me soit permis de vous suggérer qu'en parlant à un étranger par le biais d'un interprète ou autrement, vous utilisiez une extrême prudence et un grand soin dans le choix de vos mots.
L'anglais, au mieux, ne donne pas toujours les nuances réelles et exactes de sens que vous désirez.
Lorsque l'anglais est utilisé imprudemment, ou lorsqu'un idiome est utilisé, vous pouvez vous causer du tort et déformer grandement vos pensées.
En fait, vous pouvez apporter de la défaite à vos projets.
Les mots créent des pensées, vous savez, et pensée signifie action.""
(épisode précédent, début du "Voyage")
Version américaine:
And so we spent part of the night talking as we had on the steamer. He was absolutely non-committal. I discovered - but surely he was just clever in permitting me to discover - that he was a Persian, and not an East Indian.
I also discovered that he lived in Egypt most of the time and made yearly visits to his Madame in the Banks of the Hudson where she maintained her American villa and directed her American charitable work. He was her confidential agent - and, was he also a confidential agent of others?
"You know, Mr, P., that square paper you gave me with your name and address upon it has served me well. I gave it to a man in Paris -"
"You gave it to a man in Paris?" His tone, his expression, his words, indicated extreme surprise - possibly rear.
"Why, yes, he asked to see some papers and I showed it to him casually. He seemed to be very pleased and advised me to preserve it for -"
"The you still have it?"
"Yes, most certainly." I assured myself and him by exhibiting it. He was delighted.
"I feared for a moment," he said, half apologetically. "You see, my friend, your words were not well chosen. You said 'I gave it to a man in Paris.' You should have said 'I showed it to a man.' Just a little thing, I grant you. But, may I be permitted to suggest that while in this country and when speaking to a foreigner through an interpreter or otherwise, you use extreme caution and care in the selection of your words?
English at best does not always convey the true and exact shades of meaning you desire. When carelessly used, or when the vernacular or American idioms are used, you may do very great injustice to yourself and your thoughts. In fact, you may bring defeat to your plans. Words create thoughts, you know. And thoughts mean action.