Pour les personnes qui en font partie, un egregore constitue un bouclier. En restant dessous, la personne se sent en sécurité, son corps psychique rejette les agressions extérieures, mais cette protection se paie en refoulant la lumière que l'egregore utilise pour se renforcer...
Lorsque l'on considère, par exemple, le symbole composite du "pantacle martiniste" (pantacle s'écrit bien avec un "a", ce n'est pas un pentagrammme...) constitué par deux triangles entrelacés dans un cercle, cette combinaison, qu'elle soit utilisée consciemment, mentalisée, affichée, étudiée, analysée ou utilisée inconsciemment sous différentes formes crée un contact psychique puis le renforce en cas d'utilisation répétée ou prolongée établissant alors une connexion ou un lien invisible avec "l'égrégore martiniste".
Dans cet égrégore, l'hexagone (Etoile de David, Sceau de Salomon, etc) enfermé d'une certaine manière dans le cercle revet un sens particulier "martiniste" ou "martineziste" qui en fait de nos jours et indépendamment de Louis Claude de Saint Martin, la caractéristique du "martinisme".
Louis Claude de Saint-Martin reçut de Martines de Pascualy une initiation qui dépassait celle que les autres disciples recevaient. Pourquoi? Simplement pour deux raisons axées sur sa sincérité.
La première était qu'au moment de l'initiation Louis Claude de Saint Martin sentait bien comme les autres disciples que Martines de Pascualy était une personne qualifiée pour lui transmettre cette initiation. Quelques années plus tard, ce n'aurait plus été le cas, car Saint-Martin ayant dépassé son maître, aurait moins été influencé par le charisme de Martines.
N'est-il pas logique, qu'accepter sciemment une initiation d'une personne que notre être profond ressent comme plus sombre que nous constitue en fait une "contre-initiation" dont il faudra se défaire un jour ou l'autre?... Au sein d'un egregore, l'initié n'est pas lié "à la Lumière", mais "à son initiateur comme celui-ci est lié à la lumière...", c'est évidemment une difficulté qu'il faut bien régler un jour!
La deuxième raison était la dimension d'absolu que vivait Saint-Martin qui ne recherchait pas un pouvoir pour lui-même, mais uniquement pour servir humblement la Lumière Divine, ce qu'il appelait son "divin simple"... Comme l'exprime le Grand Maître, l'initiation survient alors en "4 temps": "se purger, demander, recevoir et agir..." (§542,- Mon portrait historique et Philosophique)
Cet état d'esprit permet de se détacher plus facilement le moment venu des limitations d'un egregore.
Mais laissons Saint-Martin exprimer sa pensée d'une manière modeste et positive dans ce style si particulier du XVIIIème siècle:
" Dans l'initiation que j’ai reçue et à laquelle j’ai du dans la suite toutes les bénédictions dont j’ai été comblé, il m'arriva de laisser tomber le bouclier par terre; ce qui fit de la peine au maître; cela m'en fit aussi à moi, en ce que cela ne m'annonçait pas pour l'avenir beaucoup de succès. Mais j’ai compris depuis que c'était une suite de ma contexture qui voulait que pour les choses de ce monde, je fusse toujours à côté, ou au-dessous, sans que cela puisse rien faire pour mon avancement et mes espérances dans un autre ordre de choses. C'était aussi un type de mon divin simple."