Dans le passage suivant des "Noces Chimiques" le personnage des "Noces Chymiques" rencontre une jeune fille qui semble inspirée d'une manifestation bien proche d'une divinité égyptienne que les pilliers du Bistrot connaissent bien...
Tout à coup je me sentis touché au dos, j’en fus si effrayé que je n’osai me retourner, quoi qu’en même temps j’en ressentisse une joie comme la faiblesse humaine n’en peut connaître que dans de semblables circonstances.
Comme on continuait à me tirer par mes vêtements, à plusieurs reprises, je finis cependant par me retourner et je vis une femme admirablement belle, vêtue d’une robe bleue parsemée délicatement d’étoiles d’or, tel le ciel. Dans sa main droite elle tenait une trompette en or, sur laquelle je lus aisément un nom, que l’on me défendit de révéler par la suite ; dans sa main gauche elle serrait un gros paquet de lettres, écrites dans toutes les langues, qu’elle devait distribuer dans tous les pays comme je l’ai su plus tard. Elle avait des ailes grandes et belles, couvertes d’yeux sur toute leur étendue ; avec ses ailes elle s’élançait et volait plus vite que l’aigle.
Peut-être aurais-je pu faire d’autres remarques encore, mais, comme elle ne resta que très peu de temps près de moi tandis que j’étais encore plein de terreur et de ravissement, je n’en vis pas davantage. Car, dès que je me retournai, elle feuilleta son paquet de lettres, en prit une et la déposa sur la table avec une profonde révérence ; puis elle me quitta sans m’avoir dit une parole. Mais en prenant son essor, elle sonna de sa trompette avec une telle force que la montagne entière en résonna et que je n’entendis plus ma propre voix pendant près d’un quart d’heure."