Chaque être rencontre des épreuves dans sa vie: la souffrance, la maladie, la mort...
Les mystiques avancés subissent ces épreuves comme les autres, mais ils parviennent toujours à les surmonter efficacement pour ne jamais inspirer la pitié ou culpabiliser les autres.
Tout au contraire, ils parviennent toujours à rayonner la vie, le bonheur, la santé...
Mais les chercheurs de Lumière sont toujours surpris par la manière constante, régulière et progressive dans laquelle chutent certains êtres à partir de cette culpabilité (le tigre) qui est axé sur le "plexus solaire" comme de précédents articles l'avaient proposé: (voir "les joyaux de manipura" et "la porte du tigre").
Cette dépravation commence toujours par des problèmes d'ego, une sorte de guerre intérieure, qui détourne la notion de service, fait fréquenter en permanence des basses vibrations, avec un environnement quasi permanent de rebellion, de traîtrises, de tromperies, de séparations, tandis que la mort est omniprésente...
Parfois ces difficultés permettent à une grande intelligence de s'exprimer, mais sans cette capacité qu'ont les mystiques de se détacher et d'en faire le tour.
En fait, en plus du problème lié au plexus solaire, le coeur se charge d'attaches sombres et ils demeurent insensibles au sens de ces épreuves qui les frappent de plein fouet.
Alors, nous pouvons nous étonner que le talent de ces êtres fascine toujours certaines personnes. Mais celles-ci ont un profil précis pour justifier une sensibilité au partage des épreuves lourdes correspondantes.
Ces personnes, bien qu'elle ressentent les caractéristiques sombres et morbides, ne parviennent pas à s'éloigner. Leur ego semble caressé dans le sens du poil... Il est fasciné et la personne s'attache, là où le mystique authentique fuirait pour chercher la Lumière.
Il y a quelques temps nous évoquions avec prudence le profil étonnant d'Aleister Crowley qui se considérait comme la réincarnation d'Alphonse Louis Constant (1810 - 1875), que l'on connait généralement mieux sous son pseudonyme d'Eliphas Levi sous lequel il fut promoteur de la magie au 19ème siècle.
C'est précisément sur la culpabilité intérieure d'Eliphas Levi que nous penchons prudemment aujourd'hui: elle est instructive par son impressionnante gamme d'erreurs fondamentales à éviter!
La première chose qui se constate à l'étude de sa biographie, est l'absence de mention concernant son père.
Tout porte à croire que son père fut effectivement absent et que ce fut le prétexte pour que Louis Constant, enfant, prenne déjà sur lui une certaine culpabilité.
Marqué par une éducation chrétienne, il entra au séminaire pour devenir prêtre, mais à 25 ans, alors qu'il allait recevoir l'ordination, il s'enfuit avec Adèle, une jeune fille dont il avait la charge, à la suite de quoi sa mère se suicida.
Ce sombre détail révèle d'une part que la mère véhiculait un modèle vivant du processus de culpabilité et que Louis Constant, enfant, cherchait donc en vain à s'en libérer.
Toujours est-il que, comme disent les psy, "l'affect" (la culpabilité) prend chez Louis Constant "un contenu représentatif" (la mère): il portera désormais sur lui la charge de sa mère donc il a consciemment et inconsciemment provoqué le suicide...
La pathologie devient donc lourde... Culpabilité, action, culpabilité, action contraire... et la suite de la biographie n'est qu'une longue description de ce processus.
Adèle, sa jeune compagne et lui se séparent peu après.
Il hésitera alors entre devenir moine trappiste ou suivre la socialiste Flora Tristan, dont il devient amoureux, dans un militantisme révolutionnaire...
Finalement il découvre le bas spiritisme avec une nouvelle compagne, Delphine dans une brève relation.
Il entre alors à l'Abbaye Bénédictine de Solesme où il écrivit une œuvre, "le Rosier de Mai" (1839) qui le fait virer de l'Abbaye...
Il rédige ensuite la Bible de la Liberté (1841) qui l'enverra en prison...
En 1842, il sort de prison et prend le nom d'Abbé Beaucourt, pour écrire contre le christianisme: "la Mère de Dieu"...
En 1846, il fait un enfant à Eugénie et se marie avec Marie-Noémie...
En 1847, Marie-Noémie lui donne une fille, mais à sa naisance, lui, le père est absent. Il est à nouveau en prison. La fille mourra 7 ans après.
En 1848 il se singularise par des activités anarchistes et en 1851 il publie son "dictionnaire de littérature chrétienne".
En 1851, l'année commence par un évènement sanglant qui plonge Paris dans la stupeur: l'archevêque est assassiné et Louis Constant révèle un rêve qui le poursuit et qui s'achève toujours par "vois ton père qui va mourir".
Bien sûr, son vrai père est mort depuis longtemps, mais au lieu de chercher à prendre conscience du processus de culpabilité que refuse son être intérieur, il considérera son rêve comme prémonitoire, en supputant que par "son père", il s'agit de l'archevèque et il affirme qu'il ne comprenait pas jusqu'alors le sens de son rêve...
Il rompt alors, à sa façon, avec son vrai père et prend désormais le nom d'Eliphas Levi pour se plonger dans la magie kabbalistique.
Il écrit alors son "Dogme et Rituel de Haute Magie" et Marie-Noémie le quitte. Leur mariage sera plus tard "annulé".
En 1853, il vit et raconte une expérience traumatisante en invoquant une entité qu'il considère comme le "divin Apolonius de Tyane", (Apolonius était un magicien, en qui certains voient Saint Paul, mais dont nous pouvons, à juste raison, nous interroger sur le caractère divin...). Toujours est-il qu'Eliphas découvre alors le froid et l'engourdissement de la mort...
En 1859, il publie son "Histoire de la magie" et dans une pseudo mise en garde des lecteurs, il évoque les risques de la "Haute Magie": -"elle est dangereuse, n’essayez jamais, vous paierez au centuple les aides que vous croirez obtenir". C'est naturellement à se demander pourquoi il éprouvait le besoin d'écrire tous ces livres!
En 1861, l'érudit qu'il est, se trouve admis en franc maçonnerie. Mais une fois parvenu au grade de maître il claque la porte...
Il publiera encore quelques ouvrages de magie, de kabbale et des grimoires jusqu'à sa mort en 1875, suite à des "problèmes de coeur". Comme il l'avait expliqué lui même auparavant ses problèmes d'attachement: "je n'ai jamais fait sciemment le mal, j'ai aimé"...
Tandis que les maîtres avancés s'efforcent de s'inscrire humblement dans la lignée éternelle des chercheurs de lumière, le célèbre éditeur Paul Chacornac pourra dire d'Eliphas Levi: -"Constant, fondateur d’école, n’est disciple d’aucune..."