La connaissance de notre corps mortel permet d'apprécier le but cosmique dans le royaume matériel et d'établir cette intime harmonie entre les deux natures que l'on nomme la réalisation.
L'américain William Ellery Channing (1780-1842), fut un prédicateur inspiré dont la vie fut marquée par un profond désir de libération de l'homme de ses différents esclavages. Il témoigne dans le passage qui suit d'une inspiration profondément rosicrucienne.
La statue ci-dessus est dans le Touro Park de Rhode Island à 100km au sud de Boston.
"La matière a été faite pour l'esprit, le corps pour l'intellect. L'intellect est le but de cette organisation vivante faite de chair et d'os, de nerfs et de muscles. Il est aussi le but de ce vaste système de mer et de terre, d'air et de ciel.
Cette création infinie que forment le soleil et la lune, les étoiles, les nuages et les saisons, n'a pas été instituée dans le simple but de nourrir et de vêtir le corps; elle l'a été, essentiellement et en premier lieu, pour éveiller, nourrir et faire épanouir l'âme, pour être l'école de l'intellect, la nourrice de la pensée et de l'imagination, le champ d'expression de pouvoirs actifs, une révélation du créateur et un lien d'union sociale.
Nous sommes placés dans la création matérielle, non pour être ses esclaves, mais pour la maîtriser et en faire le ministre de nos plus hautes facultés. Il est intéressant d'observer tout ce que le monde matériel représente pour notre intellect.
La plupart des sciences, des arts, des professions et des occupations de la vie, ont, pour origine, notre union avec la matière. Le philosophe de la nature, le physicien, l'homme de la loi, l'artiste et le législateur trouvent, dans la matière, leurs sujets ou leurs occasions de recherches. Le poète emprunte ses plus belles images à la matière. Le sculpteur et le peintre expriment. leurs nobles conceptions au moyen de la matière. La matière tend à pousser le monde vers l'activité. Les organes matériels des sens — l'oeil surtout — éveillent dans le mental, des pensées infinies.
Prétendre, alors que la masse des hommes est —et doit être — à ce point plongée dans la matière que leur âme ne peut s'élever est en contradiction avec le grand but de l'union de l'homme à la matière.
Je prétends que la philosophie qui ne voit pas, dans les lois et les phénomènes de la nature extérieure, le moyen d'éveiller l'intellect, est lamentablement bornée et qu'un état social — dans lequel la masse des hommes est excessivement occupée à des travaux matériels au point que l'âme est terrassée et tenue à l'écart — est en guerre avec les desseins de Dieu et utilise pour la servitude ce qui devait être le moyen de libérer et de faire épanouir l'âme."