Pour les rosicruciens, le terme "zélé" fait naturellement songer au titre que reçoivent les étudiants au niveau du premier degré du temple: "zelator".
Etre un "zelator", suggère d'effectuer dans son travail rosicrucien un travail un plus soutenu que ce qui est demandé... En effet, un élève zélé cherche à transcender, à s'élever au dessus d'un premier degré de compréhension. Un premier degré... justement.
Et "zélé" prend ce sens particulier dans ce que l'on nomme la "langue des oiseaux": une idée qui pourrait s'exprimer avec 2 ailes...
On pourrait donc résumer ce zèle comme une ardeur à transcender le travail rosicrucien afin de nous transformer nous-mêmes.
Mais ce zèle peut se révéler improductif s'il survient trop tôt... Par exemple le zèle, s'il est appliqué à un travail uniquement intellectuel ne débouchera que sur peu de chose et donnera, même après des dizaines d'années la triste sensation d'avoir stagné...
En effet, il était important de comprendre qu'avant d'être "zélé", il fallait être "fervent"...
Etre fervent, dans la démarche rosicrucienne, c'est être prêt à remettre en question non pas ses défauts, comme dans les démarche maçonniques ("Tu seras un homme mon fils"...) mais l'ego lui même. C'est un repositionnement de la conscience. Tant que ce repositionnement de la conscience, cette remise en question du moi extérieur n'est pas effectuée, le chercheur peut être particulièrement érudit et connaisseur de la tradition rosicrucienne mais il n'est pas encore ce que les rosicruciens nomment traditionnellement un "Néophyte", c'est à dire une nouvelle plante susceptible de grandir dans la bonne direction.
A titre d'exemple, la reproduction ci-dessus représente le début d'un texte fondamental de Spencer Lewis, figurant dans les différentes éditions du Manuel Rosicrucien américain.
La traduction suivante est inédite:
Atteindre l'illumination psychique
"Quand l'étudiant est prêt"
La question peut être posée: "Quel est le but ultime de l'étude et de la préparation des Rosicruciens?". C'est une vieille question à laquelle il fut répondu des milliers de fois dans chaque pays par les réalisations qui survinrent dans les vies des plus fervents étudiants.
Le terme "devoted" a naturellement été traduit par fervent...
Comparons avec la version du manuel rosicrucien français de 1969 (5ème édition)...
L'illumination psychique
"Quand le disciple est prêt"
"On peut se demander : « Quel est, en définitive, le but de l’étude et de la préparation
dispensée par l'Ordre Rosicrucien AMORC ? » C’est là une vieille question à laquelle la réponse, mille fois répétée, est apportée,
dans le monde entier, par l’épanouissement qui s’est manifesté dans la vie des étudiants les plus zélés."
Parlons nous vraiment de la même chose?
Voyons enfin celle du manuel rosicrucien le plus ancien 1958 (1ère édition)...
L'illumination psychique
"Quand le disciple est prêt"
On peut se demander : "Quel est, en définitive, le but de l’étude et de la préparation
rosicrucienne ?" C’est là une vieille question à laquelle la réponse, mille fois répétée, est apportée,
dans chaque pays, par l’épanouissement qui s’est manifesté dans la vie des étudiants les plus zélés.
Parmi les instructives différentes anomalies des traductions qui devraient sauter aux yeux, il est facile de constater que par exemple la "clef de la ferveur" n'avait jamais été transmise aux étudiants francophones! Elle demeure naturellement la base de la quête lorsque l'expression lewissienne de la Rose+Croix accède à sa "phase de sommeil".