Je commençais à ressentir que, pour une raison ou une autre, mon intérêt pour les domaines matériels et mondains s'effaçait peu à peu, tandis que mes pensées se tournaient de plus en plus vers les sujets spirituels. 

Bien que mon temps fût entièrement occupé par ces entreprises mondaines, mon esprit n’était jamais satisfait. 

Une voix intérieure ne cessait de me murmurer qu’une œuvre plus grande était à accomplir avant ma transition.

Depuis mon arrivée à Boston en 1895, et durant vingt années, ma vie avait été un tourbillon incessant d’événements. 

Malgré l'aide apportée à chaque personne que j’avais rencontrée, je n’avais jamais été satisfaite. 

J’avais le sentiment qu’il existait quelque chose de plus  grand pour lequel vivre. J’avais alors cinquante-cinq ans, j'étais en pleine force de l’âge et j’avais beaucoup appris tout au long de mon parcours.

Je commençai à fréquenter des adeptes du New Thought (La Nouvelle Pensée), à lire leurs ouvrages, à organiser des réunions. Je me rendis au Centre Vedanta, assistai à des conférences théosophiques données par des orateurs réputés, m’initiai à la numérologie, etc..

Parallèlement, je continuais à promouvoir des artistes, organisant des récitals pour eux. Je maintenais mon intérêt pour les cercles musicaux et étais réputée comme une promotrice à succès.

C’est à ce moment précis qu’un homme arriva de New York, à la recherche de quelqu’un capable de lui fournir des informations sur les personnalités musicales de Boston. 

Comme à l’accoutumée, on l’orienta vers moi pour obtenir les renseignements nécessaires. 

Il travaillait à l'écriture d'un livre et recherchait des personnes fortunées prêtes à investir cinq cents dollars pour une première édition.

Je lui fournis les informations demandées, et, tout naturellement, notre conversation évolua vers la  philosophie. Il me parla d’une Fraternité Secrète, de nature maçonnique, fraîchement arrivée dans nos contrées, pensant que cela pourrait m’intéresser. 

Il était intarissable et je l’écoutai attentivement. Après son départ, je me rendis à la Bibliothèque publique et le premier livre que j'y découvris portait sur Francis Bacon et ses sociétés secrètes. 

À partir de ce moment, je me mis à consulter d’autres ouvrages et découvris que tous les anciens philosophes dont j’avais lu les écrits appartenaient à cette même Société qui remontait à l’Égypte, à la Chaldée et à l’Atlantide perdue. Lorsque cette dernière sombra, les Maîtres, sachant ce qui allait arriver, avaient quitté le pays pour d’autres rivages. 

J’appris également que l’homme appelé Jésus appartenait aux Esséniens, qui faisaient eux aussi partie de la même Société.  Je sentis que, tout naturellement, cela était fait pour moi.

L’homme m’avait laissé une brochure et, de retour à New York, il parla de moi à la Fraternité. Les membres m’écrivirent immédiatement, me demandant ma date de naissance et une photographie.

Mme Williams, la Mère de la Loge de New York, devait venir à Boston à cette époque pour assister à la remise de diplôme de sa fille au Radcliffe College à Cambridge. 

Les officiers de la Loge de New York lui avaient demandé de me rencontrer pendant son séjour afin de déterminer si je pouvais être la personne capable d’introduire l’Ordre dans le Massachusetts. 

Elle m’appela, disant qu’elle avait rencontré quelqu’un à New York qui m’avait récemment croisée et qui lui avait conseillé de me contacter, pensant que je serais une bonne compagnie pour elle durant son séjour. Je lui répondis que je serais à mon domicile le lendemain après-midi. 
Elle vint, et une amitié naquit immédiatement. Nous nous retrouvâmes tous les après-midi pour déjeuner pendant plusieurs jours, et elle me raconta tout ce qu’elle avait appris sur l’Ordre depuis son arrivée dans ce pays. 
 

Âgée d’environ soixante ans, elle avait étudié le mysticisme pendant plusieurs années à Paris; elle était très avancée sur le Chemin.

Le Chef de l’Organisation avait reçu l’instruction de me rencontrer, et lorsqu’elle retourna à New York, elle leur assura que j’étais sans aucun doute celle qui devait fonder l’Ordre dans le Massachusetts. La description qu’elle fit de moi correspondait à celle donnée par les Maîtres alors au pouvoir.

On me demanda ensuite de former un Comité de Fondation, composé de cinq personnes. Ce fut facile à accomplir. Puis, l'on m’invita à assister à la première Convention à Pittsburgh, qui devait se tenir en juillet.

J’écrivis à Sœur Williams que je n’avais pas d’argent pour aller à Pittsburgh, je n’avais alors que cinquante dollars à mon nom, et la pension hebdomadaire de Stanley ne nous permettait pas de dépenser au-delà de nos frais mensuels.

Mme Williams proposa de couvrir tous mes frais, y compris le voyage d'aller-retour ainsi que les frais d’hôtel sur place. 
Bien entendu, je m'y rendis et à partir de ce moment, je paraissais être poussée sur le chemin que j’avais tant attendu.

J’avais toujours en tête cette expérience que j’avais vécue à treize ans, en cueillant des framboises dans les bois. Ma foi n’avait jamais vacillé dans la conviction qu’un jour je saurais tout et particulièrement si je menais une vie juste. 

Mon heure était venue. Une paix intérieure m’envahit alors et ne me quitta plus jamais.
 
 

Là-bas, je fus initiée à l’Ordre avec dix-sept autres personnes et devins la première femme Grand Maître en Amérique, recevant une Charte pour le Commonwealth du Massachusetts.

On nous enseigne que lorsque nous sommes prêts, le Maître apparaît. Ainsi, après tant d’années, le Maître chargé de mon évolution me trouva enfin.

- début des Confidences de Marie-Louise

- à suivre

After so many years, the Master in charge of my evolution finally found me.

Nach so vielen Jahren fand mich der Meister, der für meine Entwicklung verantwortlich war, endlich.

Después de tantos años, el Maestro encargado de mi evolución finalmente me encontró.

Dopo tanti anni, il Maestro responsabile della mia evoluzione mi trovò finalmente.

Depois de tantos anos, o Mestre responsável pela minha evolução finalmente me encontrou.

Μετά από τόσα χρόνια, ο Δάσκαλος που ήταν υπεύθυνος για την εξέλιξή μου με βρήκε επιτέλους.