Un hiver, diverses entreprises exposèrent leurs méthodes de gestion des départements, au bénéfice de l’Union Chrétienne des Jeunes Hommes. Thorpe et Martin donnèrent une réunion afin de présenter la gestion de leur bureau.
M. Bailey, qui était alors à la tête du bureau, me téléphona pour me demander si je pouvais venir solliciter le public pour une œuvre de charité comme je le faisais habituellement. Je demandai :
Pourquoi est-ce à moi précisément que me demandez cela ?
Sa réponse fut : Parce que je vous considère comme la personne la plus qualifiée dans ce domaine. Vous abordez les gens de telle manière qu’ils ne peuvent rien vous refuser.
Je cherchais à faire ressentir aux personnes que je sollicitais l’indéniable privilège d’aider une cause noble, en réunissant l’argent et la pauvreté, ou l’argent et le talent.
Lorsque la soirée de l’évènement arriva, la scène fut aménagée à la manière d’un bureau.
Quand vint mon tour de demander un entretien, je m’assurai que M. Bailey était disponible et je montai sur la scène.
Comme je m’approchais de lui, il m’invita à m’asseoir et me demanda ce que je désirais qu’il fit pour moi.
Je le lui montrai le programme de l’année précédente que je tenais dans ma main, et lui demandai s’il envisageait de le renouveler.
Il posa de nombreuses questions sur l’œuvre de charité, et je m’efforçai d’y répondre brièvement, afin de ne pas monopoliser son temps. Il me dit simplement :
Vous faites un travail remarquable – continuez ainsi et envoyez-nous votre facture.
Tout fut organisé avec une telle efficacité que le public crut que cet entretien avait été répété comme une pièce de théâtre.
À cette époque, je m’intéressais à de nombreuses jeunes femmes talentueuses. Les gens de la société ouvraient volontiers leurs magnifiques maisons sur Commonwealth Avenue, Beacon Street, etc., et invitaient leurs amis, ce qui me permettait d’organiser de grands rassemblements.
Je remaniais ma propre garde-robe pour les jeunes filles ou leur prêtais certains vêtements. Ainsi, nous pûmes envoyer une jeune-fille en Allemagne, une autre à Londres. Une autre monta sur scène et apparut dans de nombreuses opérettes.
J’avais trouvé une personne douée pour la lecture qui choisissait toujours des textes empreints de morale. Je la promus.
Ou encore, un conférencier allait dans les villes de campagne et donnait des discours utiles et inspirants.
J’avais mes entrées partout.
Un incident se produisit lors de l'ouverture d’un Opéra qui m’offrit l'opportunité d’assister à toutes les représentations suivantes.
Il s’agissait de la première représentation d’ouverture. C’était l’opéra Gioconda avec Madame Nordica dans le rôle principal.
Le lendemain, je donnais une grande partie de whist dans la salle de bal de l’Hôtel Somerset, une centaine de tables était à disposition.
Tandis que j’attendais le changement de partenaires, je me promenais dans le couloir extérieur.
Bientôt, je vis apparaître Madame Nordica se dirigeant vers une jeune femme qui l’attendait.
En approchant de l’entrée de la salle de bal, elle m’aperçut, vint directement vers moi et demanda : Que faites-vous ici ?
Elle avait remarqué la salle comble où se pressaient les dames.
Je lui expliquai que j’organisais une partie caritative de whist.
Elle demanda mon nom, je le lui donnai, ajoutant que j’avais eu le plaisir de l’entendre, la veille au soir et que j’avais beaucoup apprécié la soirée. Elle me dit :
Je donne un thé dans une salle toute proche, à cinq heures, je veux que vous veniez.
Je la remerciai et lui promis de venir.
J’assistai donc à cette réception. Elle me présenta à M. Russell, le directeur, ainsi qu’à Alice Neilsen, qui devait être la vedette attitrée de la saison.
Elle m’offrit sa loge pour toutes les soirées auxquelles je souhaiterais assister.
Nous devînmes de très bonnes amies, et à partir de cet instant, Stanley et moi n’eûmes plus jamais à payer notre entrée à l’opéra.
Il en alla de même pour les théâtres et les salles de concert – des billets gratuits me furent toujours envoyés.
Je qualifierais cette rencontre avec Madame Nordica de véritable reconnaissance d’âme.
Elle m’invita chez elle, sur la rivière Hudson pendant les vacances.
Un autre incident survint que je qualifiai également de reconnaissance d’âme.
J’éprouvais une grande aisance à rédiger des lettres, lorsque je faisais appel à des organisateurs, qui touchaient généralement le cœur de ceux qui les recevaient.
Lors de l’un des rassemblements mis en place dans le but d’aider une jeune fille, Louise Chandler Moulton, une poétesse, vint.
Elle s’adressa à la jeune femme de l’accueil :
Puis-je rencontrer la personne qui m’a adressé ce courrier ?
On me fit appeler. Très rapidement, elle m’apprécia beaucoup et me convia à ses séances de thés du vendredi après-midi où se réunissaient toujours des personnes remarquables.
Je m’y suis rendue à plusieurs reprises et y ai rencontré des hommes et des dames charmants qui m’ont beaucoup aidée dans mes efforts pour promouvoir des lecteurs et des orateurs.
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- début des Confidences de Marie-Louise
(à suivre..)
Anglais :
My letters touched the hearts of those who received them.
Allemand :
Meine Briefe berührten die Herzen derjenigen, die sie erhielten.
Espagnol :
Mis cartas tocaban el corazón de quienes las recibían.
Italien :
Le mie lettere toccavano il cuore di chi le riceveva.
Portugais :
Minhas cartas tocavam o coração daqueles que as recebiam.
Grec :
Τα γράμματά μου άγγιζαν την καρδιά αυτών που τα λάμβαναν.