C'est un peu dommage de publier un nouveau message quand le précédent suscite encore tant de commentaires, mais le sujet du jour est, lui aussi, vraiment passionant...
Dans une définition simple, la Magie consiste à manifester les mondes invisibles sur le plan physique et il se distingue fondamentalement 3 types de magies: la magie noire, la magie blanche et la Haute Magie.
La magie noire est la basse magie égotique qui cherche à établir un pouvoir sur les autres tandis que la magie blanche s'oppose à cela en utilisant sa volonté dans le sens du bien. La compréhension profane se limite à ces deux magies.
Le Rosicrucianisme représente ces deux forces par le pavé mosaïque: les cases noires et blanches qui constituent le sol des temples.
Dans la tradition rosicrucienne, bien que la magie blanche soit naturellement préférable à la magie noire, ces deux magies sont considérées comme basses car la volonté égotique humaine reste présente dans les deux processus.
La Haute Magie s'exprime dans les temples par la shekinah qui s'élève au dessus du pavé mosaïque et avec l'idée de transcendance, lorsque la Loi Cosmique s'accomplit.
Ceci pourrait être exprimé d'une manière poétique en disant que la Croix a accompli sa mission lorsqu'elle se laisse oublier pour permettre à la Rose de se laisser canaliser
Mais voyons d'abord si Spinoza (1632-1677) exprime ce problème épineux (le mot spinoza n'évoque t-il pas les épines des roses...) dans cette formule connue qui lui est attribuée un peu partout:
Il vaut mieux enseigner la vertu que condamner les vices.
Notons d'abord que l'idée des vices et celle de condamnation, sous couvert d'une bonne conscience apparente, n'est, ni plus ni moins, qu'un camouflage typique de magie noire car, en réalité, les pensées de condamnation et de vices rébaissent le niveau vibratoire...
En revanche l'enseignement de la vertu est un simple processus de magie blanche, pleine de bonne volonté, qui pourfend le processus précédent.
Alors comment pourrait s'exprimer la Haute Magie sur ce terrain? Spinoza, qui est considéré parfois comme un Rosicrucien, s'efforce t-il de canaliser cette transcendance?
Il semblerait que ce soit le cas, car les commentateurs mentionnent chez Spinoza la recherche d'une béatitude décrite comme la canalisation d'une Joie Parfaite, une allusion à la Perfetta Letizia de François d'Assise, qu'il considère comme la source même de la vertu, qui est, comme nous le dirions de nos jours au Bistrot, issue de la Conscience Cosmique.
Tout cela est bien sympathique, mais il convient de vérifier Spinoza dans le texte et il écrivait en latin...
C'est l'occasion d'utiliser un ouvrage remarquable de Gilles Louise qui s'exprimait encore au Bistrot il y a quelques années et dans lequel il étudie le latin en décortiquant l'Éthique de Spinoza... (Voir le lien en dessous).
En réalité, première surprise, Spinoza s'exprimait ainsi dans le latin pratiqué au 17e siècle:
superstitiosi qui vitia exprobrare magis quam virtutes docere norunt
et que la doxa traduit par les superstitieux qui savent davantage blâmer les vices qu'enseigner les vertus.
Mais un détail attire l'attention: le terme magis. Certes c'est un comparatif qui signifie davantage mais il y a un lien subtil et ésotérique avec la magie (magia, dont le datif pluriel est aussi magis ou magiis). Il pourrait être suggéré que cela exprime un sens ésotérique supplémentaire et subliminal, qui, certes, et c'est à chacun de se faire son opinion, pourrait être seulement l'élucubration d'un bistrotier bourré:
Les superstitieux qui éjectent vicieusement les magies, quelles vertus savent-ils enseigner...
Anglais: "The magic of vices and virtues..."
Allemand: "Die Magie der Laster und Tugenden..."
Italien: "La magia dei vizi e delle virtù..."
Espagnol: "La magia de los vicios y las virtudes..."
Portugais: "A magia dos vícios e das virtudes..."
Grec: "Η μαγεία των αμαρτιών και των αρετών..."