Je m’empresse de répondre à votre demande.
La nature est puissante et admirable, et l’art qui se sert de la nature, est bien souvent plus puissant.
Tout ce qui n'est pas une opération de la nature et de l’art est soit surnaturel, soit illusoire et trompeur.
Certains produisent des apparences de phénomènes, d’autres s’aident d’appareils spéciaux, et appellent à leur aide les ténèbres ou des compères, et font croire à des prodiges qui en réalité n’existent pas.
Le monde, est plein de ces gens-là :
- les faiseurs de tours qui en imposent,
- les pythonisses, qui produisant des sons avec leur gorge ou leur ventre, suggérant le contact avec des humains éloignés en feignant des voix d’en haut, en profitant aussi des ténèbres, du crépuscule ou de l’aurore pour faire mouvoir des objets inanimés, mais tout celà n’est que ruse et fraude.
- ceux qui s'entendent auparavant avec des compères, et produisent ce que l'on veut.
Dans tout cela, il n’y a ni raison philosophique, ni art, ni puissance naturelle en jeu.
En dehors de ces trois causes de prodiges, il y en a une plus mauvaise encore: la force que les esprits déchus mettent au service du magicien qui les évoque pour leur faire accomplir ses volontés.
L'homme qui croit se soumettre un esprit et celui qui croit que les esprits peuvent être contraints par la puissance humaine sont dans l’erreur. Cela est impossible, car en cela l’homme est inférieur à ces esprits.
Ces hommes se trompent quand ils s'imaginent pouvoir, à l’aide de quelques artifices, appeler ou mettre en fuite les esprits malins.
Ils se trompent encore lorsqu’ils s’efforcent par des évocations, des imprécations ou des sacrifices d'apaiser les esprits ou de les attirer pour s’en servir.
Combien plus facilement, ils obtiendraient de la protection divine et de celle des bons esprits tout ce qui peut leur être utile !
Bien au contraire, les mauvais esprits ne sont favorables que lorsqu'ils sont pour l'homme une source de péchés contre le Dieu qui régit et gouverne le monde.
C’est pourquoi ces divers moyens sont en dehors des voies de la Science. Ils lui sont même absolument contraires, et jamais les vrais philosophes n’ont utilisé les moyens précédents.
(à suivre...)
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