Le Bistrot s'éloigne un peu aujourd'hui du rosicrucianisme lewissien, adapté au monothéisme américain du 20e siècle, pour inviter les buveurs à une curieuse aventure médiévale à la rencontre d'une grande personnalité animique qui faisait dire à une Habituée du Bistrot:
-"Sais-tu que le premier Imperator de la Rose+Croix était une femme qui vécut au 12e siècle..."
La réalisation de chaque personnalité est différente, certaines ont une grande rigueur intellectuelle et doivent recouper avec précision les éléments issus d'intuitions cosmiques avec des faits palpables, mais d'autres ont une sensibilité plus souple et notre Soror nous entraîne dans le monde du rosicrucianisme européen médiéval.
Elle nous précise:
-"À ce moment là, la Rose+Croix avait une connotation chrétienne.
"Aucune distinction n'était faite entre la science, la philosophie et la spiritualité.
"C'est une religieuse allemande qui perpétua la connaissance, une grande mystique, une alchimiste, qui a écrit des ouvrages remarquables concernant les vertus des simples.
"C'était une sainte... Je ne me rappelle plus son nom, mais je sais qu'elle fut abbesse dans un couvent en Allemagne."
- Hildegarde de Bingen?
- "Oui, c'est elle!...
"Elle était maître d'elle et avait les connaissances et la pratique de l'alchimie. C'était une véritable mystique dont j'ai toujours admiré la force, le courage, la maîtrise!"
L'image ci-dessus peut sauter aux yeux lorsqu'on s'intéresse aux écrits d'Hildegarde et en particulier à son "Liber Scivias", le livre de la connaissance des voies"...
On serait tenté d'enlever le cadre pour se concentrer sur la beauté du médaillon central qui dévoile des petits anges...
Mais Hildegarde veille au grain...
- "Ne touche pas au cadre!"
Ce cadre austère et curieux a donc sa raison d'être...
Pourtant, il s'agit bien d'accéder au centre.
Les anges extérieurs, on en devine 72 et les Habitués du Bistrot envisagent une connexion avec les noms de dieu des ouatou égyptiens qui constituent le sarcophage extérieur d'Osiris à franchir dans un premier temps pour tenter d'accéder ensuite à la Conscience Cosmique...
On ne s'en rend pas compte tout de suite mais les anges sont partout... L'œuvre se nomme d'ailleurs le "choeur des anges" et cette autre version les montre peut être mieux.
Hildegarde, qui n'est pas loin, confie qu'elle laissait ses novices (nous dirions aujourd'hui les "néophytes") s'imprégner longuement du message de cette œuvre...
Certaines imaginaient une monde étranger avec au centre le paradis, d'autres cherchaient à se positionner à l'intérieur ou à l'extéreur...
Mais elle nous éclaire en dégageant la représentation superposée des symboles néophytes des Rosicruciens: le cadre extérieur avec un point au centre et le cercle avec le point au centre...
Hildegarde précise qu'elle s'est très attachée à ces deux symboles depuis une expérience mystique d'entrée dans la Lumière à l'âge de 3 ans en comprenant que son nom contenait "hilde" qui exprime l'aspiration intérieure à sortir de la structure extérieure des limitations matérielles de son corps physique pour "aller au cœur" et "gard" qui exprime la bienveillante et lumineuse protection du cercle intérieur.
Ne parvenant pas à communiquer aux autres son expérience elle comprit que plus grande elle devrait écrire tout ce qu'elle "voyait et entendait" pour le partager...
La miniature suivante montre bien l'inspiration cosmique d'Hildegarde qui va transmettre à un moine copiste son message du jour...