J'avais passé plusieurs années à étudier l'aspect exotérique du Rosicrucianisme, et un désir croissant, véritablement obsessionnel, de rejoindre la Fraternité et de participer à son entreprise pour l'amélioration et l'unité de l'homme, m'animait. Une irrésistible impulsion m'avait ainsi conduit à écrire à l'éditeur inconnu du journal Parisien.
Sa réponse était décourageante et encourageante. Je ne sais pas ce que j'aurais pu espérer de plus. Ma question avait reçu une réponse rapide, et j'étais particulièrement reconnaissant d'apprendre que la grande fraternité n'était pas si "éteinte", que le proclamaient tant d'ouvrages de référence.
Mais le fait que je puisse me rendre à Paris pour apprendre "quelque chose de ce cercle" constituait un différé dans la réalisation de mes espoirs et de mes désirs.
J'avais déjà la détermination, et les visions que je recevais jour et nuit conservaient vivantes mon ambition et ma foi. C'est au début du mois de juillet que je recevais ma lettre de Paris, et j'estimais possible de me rendre l'année suivante à Paris. Que signifiait une attente d'une année ? N'avais-je pas attendu deux, trois, quatre et même cinq ans pour apprendre que l'Ordre existait encore. Je rangeais donc soigneusement la lettre reçue parmi les papiers importants qui constituaient mes espoirs du futur. (à suivre)
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Version américaine:
After many years' study of the exoteric work of Rosaecrucianism and an increasing, obsessional desire to join with the Brotherhood, unselfish in its great undertakings for the betterment and unity of man, I wrote - after a deep inner impression to do so - to the unknown editor of the Parisian paper.
The answer was discouraging and encouraging. Just what else I could have expected I did not know. It was gratifying to see that my request met with recognition and a prompt reply. I was delighted to learn that the great Brotherhood was not "extinct" as so many reference books proclaimed.
But that I must go to Paris to learn "something of the circle" simply meant a postponement of a realization of my hopes and desires.
Determination I had, and the visions I dreamed by day and by night kept alive my ambition and my faith. It was early in July that I received my letter from Paris; possibly by the following year I might find it convenient to go to Paris. What was a year of waiting? Had I not waited two, three, four, five years in the hope of even learning that the Order still existed? And so I folded the letter carefully and put it among the precious papers that constituted my hopes of the future.
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Commentaires:
"L'éditeur d'un journal Parisien". Pourquoi cette majuscule à Parisien?
C'est simplement normal en anglais... On relève alors la redondance phonétique: "Parisian paper"... "Pa..." qui pourrait laisser croire certains à une certaine identité de "l'Inconnu"! Ne nous emballons pas! Au sujet du sens de "éditeur de journal Parisien", voir la note précédente. Il s'agit donc du profil "d'un parisien, qui écrit pour le grand public" alors que Lewis cherche à remonter à la source plus authentique et plus ésotérique de la Rosae+Crucis.
La grande fraternité n'était pas si "éteinte", signifie naturellement que la Rosae+Crucis est seulement "en sommeil" avec une activité discrète contrairement aux périodes dites "d'éveil" avec une activité publique. Lewis développera plus tard dans les "enseignements", les cycles de 108 ans d'éveil et 108 ans de sommeil.
Une attente d'une année indique que Lewis se place alors en 1908, puisque le voyage en France aura lieu en 1909. L'insistance avec laquelle il insiste sur un deux trois quatre cinq... fait revenir à 1903. Pourquoi?