Clément Lebrun, qui avait donc 60 ans en 1923 (il était né en 1863), envisageait-il une retraite tranquille en s'installant, au retour d'Amérique, avec son épouse dans ce petit immeuble cossu, situé à Nice, à 300m de la Promenade des Anglais, au 7 de la rue de la Buffa?
Pas tout à fait...
Clément Lebrun avait suivi outre atlantique une technique de soin naissante: la "chiropractie", de "χείρ" (kheir, la main), et πρᾶξις (práxis, la mise en œuvre).
C'est un magnétiseur nommé Daniel David Palmer (1845-1913) qui avait découvert cette méthode de traitement, inspirée comme on le devine, du chamanisme amérindien, mais dont nous pouvons retrouver des traces à d'autres endroits du globe, puisque, selon la légende Galien (Galenos de Pergame) soignait d'une manière ressemblante les gladiateurs au 2e siècle après JC...
La technique consiste généralement à ébranler, dans certaines conditions, les vertèbres supérieures (atlas, axis) et parfois à les repositionner pour remettre l'homme dans le droit chemin en commençant par lui redresser la colonne vertébrale avec parfois certains résultats étonnants.
Naturellement Palmer s'était heurté au corps médical et il avait même fait de la prison...
Plus conciliant que son père, le fils de Palmer cherchait alors à contourner les difficultés en incorporant au mieux la technique manipulatoire et hypnotique initiale à la médecine classique et c'est ainsi que naquit la chiropractie moderne qui débarqua en Europe plus tard.
Les Buveurs du Bistrot se doutent que la démarche de Clément Lebrun consistait à retrouver et à maîtriser des techniques ressourcées par sa quête de la Connaissance et c'est dans cet esprit qu'il avait étudié consciencieusement les protocoles de manipulation du père Palmer...
Toutefois, il évitait une certaine brutalité inutile, et parfois irresponsable, présente dans certains ébranlements vertébraux, en lui préférant la douce efficacité de la Haute Magie pour dégager les charges psychiques...
Il répugnait aussi à la suggestion hypnotique laquelle met, généralement inconsciemment, un égrégore en action et il préférait élever subtilement le taux vibratoire ambiant en canalisant la Force Vitale du Noùs, comme savent le faire les Rosicruciens avancés, et il rendait ainsi la personne souffrante en mesure d'identifier par elle-même les causes de la problématique et Clément Lebrun était alors en mesure de transmettre la capacité ponctuelle d'y remédier psychiquement...
Mais, au pays de Pasteur, ces choses n'étaient pas évidentes à partager et Clément Lebrun se contentait de présenter humblement son activité comme étant celle d'un "chiropracticien" formé en Amérique.
N'était-ce pas finalement la vérité?
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(la photo est obtenue avec Google Street)