Ce tableau d'Harvey Spencer Lewis, est particulièrement intéressant... certains petits détails montrent simplement l'esprit qui animait les monographies des débuts de la grande résurgence rosicrucienne du 20ème siècle.
En effet, au delà de la "Paix Profonde" apparente il y a certaines subtilités, à découvrir.
La première chose qui "frappe" est peut-être la forme agressive de la bâche au dessus du bouquiniste...
Cet effet d'une charge au dessus est accentuée par la curieuse forme du mur.
L'ensemble se trouve en contre bas d'un niveau supérieur, où l'on aperçoit la voûte et un édifice à connotation mystique.
Si l'on observe attentivement les livres posés au fond sur la table on constate qu'il en faut très peu... juste un livre mal reposé pour que l'ensemble se retrouve par terre...
Et puis le gros détail... où est la chaise du bouquiniste???
Comme tout le monde sait qu'il y a une chaise, il n'est pas nécessaire de la représenter...
C'est comme dans les films hollywoodiens où l'on voit jamais le plafond, et pour cause: il n'y en a pas car il faut de la place pour les projecteurs!
Le bleu dominant de la blouse et de la casquette suggère une aura bleue d'intellectuel.
La position croisée des jambes indique une tendance à bloquer l'énergie plutôt qu'à la faire circuler...
Ce problème de circulation d'énergie se conforte avec une concentration très poussée sur le livre. Le livre très fermé suggère un sujet ésotérique que le marchand de livres ne partage pas...
Les grands pieds (on dirait qu'il chausse du 47...) indiqueraient un fort coté terrien plutôt qu'une orientation mystique.
Enfin ce titre si particulier "the german bookseller" , le "marchand de livre allemand" choisi par Lewis suggère quelques noms de responsables rosicruciens germaniques avec lesquels il fut en relation, comme le dangereux espion Theodore Reuss qui vendait des patentes maçonniques et des vieux rituels.
Mais le bookseller peint en 1934 ne porte pas la moustache de Reuss, c'est peut-être une allusion à Max Heindel qui restait "à l'ancienne heure", avec la pensée d'un Christian Rosenkreutz vivant au 14ème siècle à moins qu'il ne s'agisse de Rudolph Steiner (1861-1925) que certains pensent reconnaître par le nez, la taille et la forme générale du visage...
Alors dans une deuxième approche, la pensée de Lewis exprime quelque chose comme "ça ne va pas tenir longtemps"...
La bâche à gauche ne suggère t-elle pas un vieil éléphant, mémoire du passé, ou peut-être la tente de Moïse... laissant entendre qu'à droite les marches sont à gravir et le seuil lumineux est à franchir pour parvenir à la "chambre haute".