Cette peinture de Spencer Lewis de 1937 est particulièrement mystérieuse.
Le message est plus subtil que dans ses autres œuvres consacrées à des créations humaines: à priori il n'y a rien de plus qu'un superbe paysage de forêt.
Le tableau porte le nom de "Stage of Forest" que l'on peut simplement traduire par "scène de forêt".
L'harmonie et la variété des coloris montre à l'évidence que Spencer Lewis n'était pas un barbouilleur, mais un peintre de tout premier plan.
Naturellement la dimension particulière du personnage nous incite à chercher les détails cachés dans l'œuvre pour intégrer l'intention du peintre.
Nous pourrions nous inspirer de ce passage de Spencer Lewis consacré au développement de la vision mystique qui semble tout à fait adapté à notre étude d'aujourd'hui:
""Vous savez que notre vue est assez limitée. Par exemple, lorsqu'une personne commence à étudier l'art de la peinture, elle doit apprendre deux choses: tout d'abord à voir convenablement, ensuite à reproduire sur la toile ce qu'elle voit.
La différence entre un bon artiste et un artiste médiocre qui ne connaît qu'imparfaitement l'art du dessin et ne peut peindre que des choses très simples, provient de ce que le véritable artiste a développé ses facultés à un point tel qu'il voit ce que les autres ne peuvent discerner.
Lorsqu'une personne inexpérimentée regarde une prairie verte avec ses arbres aux feuilles diversement colorées, ses buissons, son herbe, le tout semble uniformément vert.
Au-dessus, elle voit le ciel bleu, simplement bleu. Elle voit aussi des fleurs variées, une route blanche, une petite maison grise, un ruisseau où l'eau scintille, mais, pour son oeil non exercé, il n'y a que du vert, du bleu, du blanc, du gris et un peu de rouge dans le paysage.
Par contraste, pour l'artiste qui sait voir, il y a au moins dix nuances de vert, de nombreux tons de bleu, plusieurs teintes de rouge, d'orange, de violet ou de jaune.
Le buisson qu'il regarde n'est pas simplement un buisson vert; il a une combinaison de teintes jaunes et bleues si bien mélangées qu'elle forment plusieurs nuances vertes.
Ses yeux voient d'une façon analytique ; il sait discerner les nuances exactes de jaune et de bleu et il sait quelles sont les couleurs qu'il doit mettre sur sa palette pour les y fondre et en faire la teinte désirée. Lorsqu'il regarde la couleur orange, il ne voit pas seulement cette couleur comme nous pourrions le faire ; il y voit un rouge et un jaune d'une certaine teinte qui, bien mélangés et fondus, donnent la couleur orange.
En outre, l'œil exercé de l'artiste distingue dans le paysage certaines qualités supplémentaires telles que la distance, une certaine profondeur d'atmosphère, un adoucissement de certaines ombres, la perspective et quantité d'autres détails qui échappent à une personne inexpérimentée, même si la beauté du paysage la transporte d'enthousiasme et de ravissement.
C'est par la pratique que l'artiste a atteint cette perfection dans la qualité de sa vision. Ses yeux voient davantage et il a un sens plus affiné des nuances qu'il ne l'avait avant d'avoir étudié comment voir et comment observer.
C'est donc ce que vous allez pratiquer maintenant. Vous allez apprendre à voir davantage qu'avec vos yeux et à observer au dela du champ ordinaire de vision.
Pour cela, vous devez faire abstraction de votre façon habituelle de voir. Si chaque fois qu'il regarde un arbre, l'artiste se bornait toujours à ne percevoir que le vert ordinaire, il ne deviendrait jamais un expert en cette matière. Il faut voir les nuances et non pas la couleur seule.
Nous devons apprendre à reconnaître les éléments qui composent une chose et non pas cette chose seule. C'est ce qui fait la qualité du mystique: il voit le cosmique, la force psychique et ce qu'il y a de caché ou de voilé dans les choses. Cela s'obtient par la pratique, par l'étude et par l'observation.""
Dans d'autres de ses écrits consacrés à "the Art of the Rosy+Cross", Spencer Lewis évoque l'art d'un grand peintre, seul capable de "faire passer la Lumière" et nous comprenons qu'il ne s'agit pas seulement de la lumière physique...
Il y a toutefois, pour un grand peintre, une petite anomalie au cœur du tableau...
En effet, lorsque les troncs des deux arbres se reflètent dans la rivière, les troncs sont plus long que nature.
Naturellement Spencer Lewis est trop malin et trop talentueux pour laisser passer sans une intention particulière une anomalie de perspective. Supposons un instant que le dessin représente exactement la pensée de l'artiste et qu'il n'y ait pas d'erreur...
Tout se passerait comme s'il y avait sur l'autre rive deux grands troncs tenant un petit toit triangulaire. Ce n'est pas hyper sûr, mais cela suscite une interrogation...
En effet les deux arbres, émanant d'un triangle, expriment le fameux "Noùs", double dans son essence et triple dans sa manifestation. Il y a les deux arbres représentant "l'esprit" (le gros tronc) et la "force vitale" (le tronc plus mince), tandis que notre concience constitue un troisième point...
Interrogation..., spéculation..., méditation... Notre interrogation sur les deux arbres se trouve attirée par un autre détail...
En effet tous les arbres du paysage sont doubles...
La forêt de Lewis représenterait donc le monde de la dualité, la "forêt des erreurs" dans laquelle l'humanité, ou plus simplement l'être humain, fait un "stage" avant que sa conscience ne l'élève au dessus.
Nous comprenons mieux ainsi le sens du "Stage of Forest": le mot stage anglais rassemble des idées différentes comme le stage, la scène, l'organisation, l'étape... et le tableau exprime simplement cette étape...
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