Cette gravure porte le nom de "Emblema 1", c'est la première des 50 que comporte "Atalanta fugiens" de Michel Maier qui prend en interne le nom de "secretis naturæ" (les secrets de la nature).
Le titre, "portavit eum ventus in ventre suo" (le vent l'a porté dans son ventre) cite discrètement un passage de la "Table d'Emeraude".
Le message évoque le début du cheminement, l'éveil de l'être intérieur. Le vent pouvant exprimer la force vitale.
Voici la fugue à trois voix qui accompagne la gravure:
Et voici le texte latin qui est un peu différent du texte chanté:
"Embryo vento sa Boreae qui clauditur alvo,
Vivus in hanc lucem si semel ortus arit;
Unus is heroum cunctos superare labores
Art manu forti corpore mente potest.
Ne tibi sit ceaso, nec abortus inutilis ille,
Non Aggrippa, bono sydere sed genitus."
Avec une premiere approche approximative que la présence particulièrement opportune de Gilles Louïse, brillant latiniste et musicologue (1), parmi les buveurs du bistrot peut permettre d'affiner:
L'embryon venteux de Borée peut en naissant surpasser par sa puissance les travaux de héros par l'art de sa main, sa force corporelle, sa pensée. Ne soit pas comme Ceson ou Agrippa un avorton inutile, mais fait en sorte qu'il naisse sous un bon ciel.
Une première remarque intéressante de Gilles Louïse concerne le titre "Atalanta Fugiens".
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Fugiens est le participe présent du verbe fugio et signifie donc littéralement “(s'en)fuyant” ou “qui (s'en)fuit”.
Ce participe présent a différents usages, il peut aussi bien signifier selon les contextes le fait que quelque chose finisse (e.g. la fin du mois, fugiens mensis) et donc aussi que quelque chose puisse finir (e.g. fugiens donum, don périssable), que l'inverse de ce sens à savoir qu'une chose ne vieillit pas à la manière de Dorian Gray, on dit exempli gratia “fugiens vinum”, vin qui ne vieillit pas.
Il se peut très bien qu'Atalanta soit conçue comme ne vieillissant pas mais je ne connais pas du tout le contexte.
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(1) Voir en particulier: