Voici "Ophélie" du peintre anglais Waterhouse (1849-1917).
Dans Hamlet de Shakespeare, Ophélie apparait comme l'archétype de la femme soumise. Soumise à son père Polonius, soumise à son frère Laërte, soumise au roi, soumise à la reine, elle est naturellement prédisposée à être soumise à son amant Hamlet.
Mais après le meurtre de son père et délaissée par Hamlet, comme elle n'a pas acquis les moyens psychiques de s'assumer, elle se replie dans un cercle infernal: délire, folie, suicide.
Lorsque Waterhouse peint, l'Angleterre du 19ème siècle est en pleine période victorienne et le teint pâle, la mélancolie et la sensualité d'Ophélie expriment, bien sûr, un non-dit: une sorte de degré zéro de la libération féminine qui correspond finalement à la place de la femme passive de cette époque qui est totalement soumise à l'autorité de l'homme...
Naturellement, il serait intéressant de voir les autres degrés d'expression de ce mal-être d'Ophélie, ou, si l'on préfère, de la frustration féminine dans le monde de Waterhouse, influencé par le mouvement "symboliste" de son époque, mouvement qui s'exprimera évidemment dans les "Salons de la Rose+Croix" de Péladan.
C'est la nouvelle enquête du "Bistrot"!
(à suivre)