A cette question, si souvent posée par des chercheurs extérieurs, la réponse est souvent:
- Il n'y a pas de maîtres dans la Rose+Croix: chacun s'efforce de développer son "Maître Intérieur"...
Évidemment, il s'agit d'exprimer l'idée qu'on ne doit pas trouver de petits gourous dans le rosicrucianisme...
Mais ne sentez-vous pas à quel point cette réponse maladroite "pue l'ego"?...
Tout d'abord c'est faux: la démarche rosicrucienne consiste à éveiller l'Être Intérieur.
Ce que l'on nomme le "Maître Intérieur" est un ego qui vient se substituer à l'ego initial que l'on cherche à éliminer, alors que l'on est pas encore assez sincère pour y parvenir...
Par rapport à l'ego, le "Maître Intérieur" est toutefois plus évolué, et moins "égoïste".
C'est un ego plus adulte, reconstruit sur toutes les expériences vécues depuis que notre désir d'éliminer l'ego était né...
Mais ce "Maître Intérieur" demeure un ego qui n'a aucune connaissance de ce que nous n'avons pas encore vécu et lorsque nous sortons des banalités du quotidien, son avis ne présente évidemment aucun intérêt...
Contrairement à ce qu'on entend souvent: le mystique doit donc apprendre à ne pas toujours écouter le "Maître Intérieur"...
C'est d'autant plus difficile que le mystique est fier d'être parvenu à faire définitivement taire la grosse voix de son ego pour éveiller la voix plus adoucie de son "maître intérieur" et il est donc très attaché à sa nouvelle création psychique qui est maladroitement représentée par ce "Spiderman rosicrucien"...
Dans le rosicrucianisme lewissien du 20e siècle, tout cela n'était pas exprimé clairement et devait donc être deviné avec plus ou moins de succès:
Le cheminant découvrait avec les Degrés Néophytes la nécessité de laisser s'exprimer l'Être Intéreur et d'éliminer l'ego, puis, en passant dans les Degrés du Temple, toute référence à l'Être Intérieur avait disparu et une nouvelle référence apparaissait: "le Maître Intérieur".
Il y avait donc la tentation erronée d'identifier l'Être Intérieur avec le Maître Intérieur et il fallait donc attendre naturellement les dernières monographies du Temple pour lire, en toutes lettres, et généralement avec beaucoup de surprise, que le maître intérieur devait être à son tour éliminé...
C'était une invitation à reprendre les Enseignements à zéro en considérant désormais que les Degrés Néophytes devenaient alors les véritables degrés des Illuminatis...
Autant dire, vu le peu de personnes qui parvenaient à ce stade de leur formation que les "Maîtres Intérieurs" avaient la vie dure!
Ceci étant clair, nous comprenons beaucoup mieux pourquoi la formulation "le rosicrucien ne cherche à éveiller que son Maître Intérieur" était egotique...
Il convient donc de prendre conscience de la "problématique" de cette création...
Le chercheur, axé sur la construction de son "Maître Intérieur" a donc tendance, d'une certaine façon, à se couper de l'extérieur et il se crèe lui-même des surcharges cardiaques et mentales qui se traduisent par la difficulté à écouter les autres en profondeur ou à éprouver le développement des personnes qui croisent sa route.
A ceci s'ajoutait généralement des inhibitions du style "sois tolérant avec les autres", "ne les juge pas", etc, qui rattachant à un egregore pouvaient contribuer à maintenir une sorte d'autisme sectaire qui est naturellement le handicap regrettablement courant de beaucoup de chercheurs...
Cela se traduit par des relations superficielles avec les autres, une compréhension limitée, une absence de remise en question et surtout l'incapacité à reconnaître dans le quotidien le message des Maîtres...
Au 21e siècle, ne faudrait-il pas reconsidérer tout cela?