Il existe déjà deux traductions françaises de ce voyage symbolique. Mais celle-ci, qui est inédite, s'efforce de conserver des mots très proches du vocabulaire anglais du texte initial afin de sauvegarder le plus possible les associations d'idées de l'auteur, quitte à donner la sensation d'une traduction très littérale...
""Je craignais de regarder autour et de lever les yeux du document...
J'avais appris des expériences passées que lorsque l'esprit voit et entend, une simple distraction balaye tout au loin.
Pourquoi regarder loin du point de concentration, quel autre chemin pourrait donner autant. Un aperçu objectif ne donnerait rien, d'autant que maintenant le soleil s'était couché.
Mais il me semblait ressentir la présence de quelqu'un, une présence étrange, une présence particulièrement reconnaissable, et je levais mon regard de ma carte pour fixer droit la contenance souriante de mon ami l'étranger du navire.
-"Oh, c'est vous, pourquoi cela, j'étais en train d'étudier la carte. Je vois que nous atteignons Lyon," dis-je, ne cachant rien de ma surprise. "Je ne vais pas à Lyon, pas maintenant, mais je pourrais m'arrêter ici à l'occasion. Je vais à Avignon et là, je rencontrerai..."
M'arrêter? Rencontrer qui? Où allais-je réellement? J'avais quitté Paris avec une telle certitude de rencontrer quelqu'un et que tout irait bien, que j'en avais oublié que je ne savais même pas qui était ce quelqu'un...
-"Non, vous ne rencontrerez pas qui que ce soit à Avignon.
Vous n'aurez même pas à quitter le train à Avignon. En fait, je vais vous rencontrer à nouveau pour le petit déjeuner à Tarascon et puis je dirai où et quand vous quitterez ce train.
Entre temps, joignez vous à moi par une de ces cigarettes persanes, je sais que ce sera un régal, car elles ne sont pas vendues en Amérique ".""
(à suivre)
(épisode précédent, début du "Voyage")
Version américaine:
I feared to look around; I feared to take my eyes from the paper. I had learned from past experiences that when the mind sees and hears, distraction often wipes it all away. Why look away from the point of concentration, which way yielding so much, for an objective glimpse of that which could yield nothing, now that the sun had set? But I seemed to feel the presence of some one - a strange presence - an almost recognizable presence, and I did look up from my map to gaze right into the smiling countenance of - my foreign friend from the steamer.
"Oh, you, why, I was just studying the map. I see we reach Lyons," I said, certainly with no denial of my surprise. "I am not going to Lyons, now, but I may stop there sometime. I am going to Avignon and there I will meet -" .. I stopped. Meet whom? Where was I really going? I had left Paris with so much certainty that I would meet someone and all would be well, that I had forgotten that I did not even know that someone.
"No, you will not meet any one at Avignon. You will not even leave the train at Avignon. In fact, I will meet you again for breakfast at Taraseon and then I shall tell you when and where you will leave this train. In the meantime, join me in one of these Persian cigarettes; I know it will be a treat, for they are not sold in America."