Le sujet du "chamanisme" est un des plus délicats que connait la quête rosicrucienne. Le mot "chamane" fait d'abord référence aux tougouzes de Sibérie, mais c'est devenu un terme générique pour une culture que l'on qualifie souvent de "primitive" que l'on va retrouver de tous temps et sur tous les continents.
Les "chamanes" se caractérisent par leur grande connaissance des plantes, des animaux, des rythmes et des forces de la nature. Les esprits de la nature et les grands ancêtres défunts font l'objet de leurs cultes, la "terre-mère" est généralement divinisée, et l'egregore du peuple, parfois considéré comme l'humanité, est adoré et parfois canalisé sous la forme du "Grand-Esprit".
Hormis diverses exceptions, il manque d'une manière générale aux différents "chamanismes", la dimension transcendante, horienne ou régénératrice du mysticisme qui élève le taux vibratoire et transmute l'ego. Mais dans notre monde, cette carence passe inaperçue, tant la sagesse terrienne de ces cultures est profonde par leur habitude à vivre en harmonie avec la nature, et c'est précisément ce que nos peuples "civilisés" ont perdu.
De nos jours encore, malgré les progrés de la civilisation industrielle et l'hégémonie des religions monothéïstes, il est généralement ignoré que des "indiens" de tous les continents conservent ou établissent des contacts, et circulent entre les communautés de marginaux, échangeant des connaissances naturelles et les perpétuant à leur manière...
Naturellement, la connaissance des pouvoirs hallucinogènes des plantes et leur usage en connexion avec la magie primitive passe aux yeux de certains pour de la spiritualité! Si ces "contre-initiations" produisent souvent de sombres résultats, en revanche, il peut être judicieux de promouvoir parfois certains aspects positifs de la "sagesse chamane", lorsque l'homme contemporain joue à l'apprenti sorcier avec des plantes transgéniques, impose l'utilisation de semences non reproductibles, répend sur le sol et ingurgite lui-même des poisons divers...
La photo ci-dessus au centre de la ville de Seattle (USA) représente justement "Seattle", le chef indien des "Duwamish", une tribu du nord-ouest des USA. Seattle a su éviter la guerre avec les colons européens. Il avait fait en 1855 un discours mythique avant d'abondonner la plus grande partie du territoire indien à l'envahisseur. Naturellement, personne n'a enregistré ce discours, mais la mémoire collective garde le souvenir du vieux chef, qui devait avoir alors 75 ans, et qui parla longuement avec ses mains posées sur les têtes de deux de ses arrière petits enfants:
-"Chaque partie de cette terre est sacrée pour mon peuple. Chaque aiguille de pin brillante, chaque virage sabloneux, la brume des bois sombres, chaque insecte lumineux et bourdonnant, est saint dans la mémoire et l'expérience de mon peuple... Nous faisons partie de la terre et elle fait partie de nous." (...)
-"Si nous vous vendons notre terre, vous devez vous souvenir que l'air nous est précieux, que l'air partage son esprit avec toute la vie qu'il entretient, le vent qui donna à notre grand père son premier souffle, et reçut aussi son dernier soupir."(...)
-"Qu'est l'homme pour les animaux? Si les animaux disparaissaient, l'homme mourrait car tout ce qui arrive aux animaux arrivera à l'homme."(...)
-"Soyez justes et bons avec mon peuple, car les morts ne sont pas sans pouvoir. D'ailleurs, il n'y a pas de mort, seulement un changement de monde..."