Dans "l'histoire des Rose-Croix et les origines de la Franc-Maçonnerie", publié en 1955, l'historien Paul Arnold (1909-1992) attire notre attention sur un personnage qui se cache sous le pseudonyme d'Irenæ Agnostus.
"Agnostus" ne signifie pas "agnostique", c'est un faux ami! Au passage, Paul Arnold traduit "agnostus" par "l'inconnu", en imaginant un "a" privatif devant la racine "gnose" qui signifie la connaissance. Mais ce n'est pas un "a" privatif... c'est l'inverse "agnostus est issu du verbe "agnocere" qui signifie reconnaitre comme dans la formule attribuée à Ciceron: "agnoscere deum ex operibus ejus", "reconnaître dieu à ses œuvres" et donc "IrenæAgnostus" signifirait plutôt "celui qui apporte la paix et qu'il faut reconnaître".
Pour mettre sur la piste, Irenæ Agnostus ajoute parfois après sa signature: "l'Indigne Secrétaire Germanique de la Fraternité" ce qui pourrait faire penser à Michel Maier (1569-1622) que l'on le voit sur l'image ci-dessus avec semble t-il 6 doigts à la main droite, ce qui serait peut-être le signe de facultés cachées... Dans le passage suivant, extrait du post scriptum d'un lettre, Irenæ Agnostus révèle qu'il avait au moins l'autorité pour "réviser" les Noces Chymiques. C'est lui qui aurait donné en 1615 à l'éditeur Bringer de Frankfort le feu vert pour l'impression:
"Alors que j'avais achevé cette lettre, on m'a présenté pour le réviser un traité en allemand intitulé: Nuptia chymicæ ou Chymische Hochzeit Christiani Rosencreutz Anno 1458, écrit entièrement, à n'en pas douter par le frère et le premier fondateur de notre ordre, lui même.
Ce traité qui contient tout l'art de l'alchimie décrit sous forme d'énigme, m'a tellement plu que, consulté par certains, je l'ai jugé digne d'être imprimé, bien qu'il ne doive pas manquer de pitres et de railleurs. Mais de tels jeunes chiens à la gueule maligne doivent être fuis, tandis qu'il faut rechercher les savants et les hommes de bien".