Voici une note manuscrite du célèbre roscrucien Louis Claude de Saint Martin (1743-1803) provenant du fond ancien de la Bibliothèque Municipale de Lyon.
"Quand le Grand Prêtre (1,8,7) entre dans le Temple, il le nettoie (netoye) et le réjouit"
Il faut peut-être commencer par décoder le "1,8,7"...
Le "7" exprime l'idée que le Grand Prêtre est un homme... Mais quand il se manifeste comme Grand Prêtre, ce n'est plus l'homme, mais le canal de l'Unité, le canal du "1" qui nous intéresse. Le Grand Prêtre est alors "7+1=8", le "8" avec le "7" au dessous et le "1" au dessus.
Pour le même passage, le spécialiste du martinisme qu'était Robert Amadou lisait ici "Quand le Grand Prêtre (1,8,7) entre dans le Temple, il le nettoie et se réjouit...
Rien empêche bien sur le Grand Prêtre de se réjouir du nettoyage du temple! Le "nettoyage" du temple exprime naturellement la consécration et la préparation indispensable au rituel, mais il semble que la "réjouissance" exprimée par Amadou ne soit pas la pensée de Saint Martin... Avec la meilleure volonté du monde la lettre "L" pourrait être un "T" mais n'est pas un "S".
"Réjouir le Temple..." Quelle magnifique formule, particulièrement adaptée à la mise en action de la shekinah horienne des temples rosicruciens!
Par amour de la vérité, il est important de préciser que le Grand Maître de la Rose+Croix qu'était le "Philosophe Inconnu" aurait été contrarié (et l'est vraisemblablement toujours...) de se voir lié à un "martinisme" si éloigné de sa pensée, et d'ailleurs inventé par Papus avec un rituel willermozien autour d'un autel dédié à la Force, la Sagesse et la Beauté du Grand Architecte de l'Univers...
Tout le monde semble d'accord pour dire que Papus souhaitait la dissolution du martinisme à sa mort le 25 octobre 1916. Voulait-il échapper à la responsabilité karmique de voir se perpétuer après sa mort des rituels et une transmission qui ne le satisfaisaient pas? Toujours est-il que Teder (Charles Détré) qui prit la suite de Papus dans la section française des Rites de Memphis-Misraïm, dans l’Ordo Templi Orientis et dans le Martinisme n'envisagea pas de mettre fin au "martinisme".
Après avoir été oublié à la suite des deux guerres mondiales, des formes diverses de martinisme fleurissent à nouveau de nos jours sous de nombreuses structures OM, OMT, OMS, OMOQ, OMP, OMB, OCM, OMIR, et quelques OMO, sans parler du néo-martinérisme et des initiateurs libres...
Mais restons-en à la belle pensée du Grand Maître et apprenons à "réjouir notre temple"!