Les Habitués du Bistrot, qui sont familiarisés avec les origines héliopolitaines du rosicrucianisme connaissent la glissade d'Atoum sur son traîneau qui a exprimé ainsi le processus de la création du monde physique et l'incarnation de la conscience des êtres vivants.
Atoum se transforma en Adam et sa faculté de glissade est devenue la "chute d'Adam" et, par suite, la "chute de l'homme", que les chrétiens connaissent bien.
Naturellement, les traditions respectueuses du libre arbitre de l'homme, ne "racontent jamais le film", elles n'ont jamais la prétention d'enseigner d'une manière dogmatique ce qui sera la suite de la glissade d'Atoum.
Ce champ de croyance est donc laissé aux philosophies et aux religions...
Mettons simplement qu'il soit suggéré, et parfois montré, à celui qui cherche à en savoir d'avantage, l'utilité d'acquérir l'incontournable pouvoir de la "Maat", ce qui peut se décrire comme un idéal de vérité, de justesse et de justice, de sanité (sainteté et santé) de probité, d'intégrité...
Il est intéressant de se pencher sur une influence qui perdure de nos jours dans le mysticisme contemporain et qui est surtout issue du 18e siècle: la notion de "réintégration".
C'est une longue histoire...
Le 18e siècle était moins libéré que notre époque de la culpabilité chrétienne liée à la "chute de l'homme".
Le mystique lyonnais, Jean Baptiste Willermoz, cherchait, pour sa part, à concilier divers héritages rituèliques templiers avec, d'une part, le Grand Architecte de l'Univers qui se rattache à la pensée maçonnique, et d'autre part avec l'impressionnante pratique réputée "théurgique" de Martines de Pascualy.
Il s'est heurté a cette "chute" et a vulgarisé le concept de "réintégration".
C'est un domaine assez délicat: les spécialistes s'accordent pour stigmatiser l'influence parasite du français approximatif de Martines de Pascualy qui était, semble t-il, un juif portugais de Saint Domingue, à la communication difficile mais dont la magie rituèlique, la "chose", permettait une étonnante purification, un "retour en grâce"...
La grâce se dit "graça" en portugais et ce retour en grâce était "reintegração" ce qui a glissé en "réintégration", mot qui véhicule en français l'idée de "réintégrer" mais qui manque de grâce...
A cette première influence, s'ajouta pour Willermoz, une formule templière qui sonne comme une sorte de mot de passe "...
C'était quelque chose comme "viget intentionis integritas..." (veille à la pureté de tes intentions).
Et c'est ainsi qu'un mot latin, "integer" qui peut se traduire par "non entamé", "intact", "entier", "complet", "vertueux", "pur", "chaste", "honnête", "intègre", "impartial", "irréprochable", "probe", s'est mixé avec un retour en grâce portugais, "reintegração" pour fournir un concept, somme toute étranger au rosicrucianisme, celui de réintégration.
Pourquoi étranger?
Simplement parce que le rosicrucianisme expérimente le "Noùs" qui est une énergie double, composée de deux polarités qui sont l'Esprit (terrestre) et la Force-Vitale (céleste) et ces deux polarités créent une différence de potentiel incontournable permettant toute une gamme de manifestations entre ces deux polarités.
Ces deux polarités sont semblables à 2 fils électriques et ce serait évidement une terrible régression de se passer d'une polarité...
Il est impensable, par conséquent, qu'un maître avancé, -Spencer Lewis prenait, en l'occurrence, le cas du Maître Moria-, se passe longtemps de sa polarité terrienne si d'aventure son corps physique n'était plus incarné: ce serait renoncer inutilement à s'exprimer sur une large palette de manifestations.
Mais naturellement chacun est en droit d'expérimenter son libre arbitre, bref, c'est vous qui voyez...