Lorsqu'avec la plus grande bienveillance, les mystiques cherchent à sensibiliser les profanes avec leur perception des lois cosmiques, ils ont souvent recours à des formulations maladroites qui sont malencontreusement reçues commes des dogmes...
Ces dogmes engendrent des croyances et, avec le temps, l'aspect pernicieux des dogmes figés demeure et devient un obstacle à l'évolution.
C'est un véritable chantier qui attend alors les mystiques avancés qui ressentent comme une nécessité d'amener les profanes à reconsidérer des croyances qui découlent du fait qu'ils ne se représentent les choses qu'avec un "regard d'en bas".
Par exemple, l'image exprimée par Clément Lebrun du bonhomme de pain d'épice qui se détachait d'une sorte d'âme universelle et qui réintègrait sa place après cuisson pouvait être utile pour une représentation des choses à un moment donné, mais comme le précisait lui-même le Grand-Maître, l'image est une représentation erronée.
En effet, l'idée que notre âme se détache de l'âme universelle, dont elle ne serait qu'un segment, est fondamentalement une vision d'en bas.
En réalité, à aucun moment, il n'y a séparation et la seule chose à larguer est finalement l'illusion égotique de la séparation...
Une autre représentation qui suscite des erreurs est le fameux sujet du "karma".
Le "karma" (mot qui signifie "action" en sanskrit) est une représentation populaire de ce que les rosicruciens expriment généralement sous le nom de "Loi de Compensation".
L'idée générale concerne la culpabilisation en action qui empêcherait le franchissement du seuil du Temple.
Chacun ne peut pas appréhender directement une notion qui exige au préalable, un travail de libération de l'égo et des égrégores, une représentation assez juste du Temple, et la prise de conscience du Gardien du Seuil et l'écoute de ce qu'il demande.
Alors l'égo s'en empare et théorise sur le "karma"...
Par exemple, Spencer Lewis mentionnait le "karma" comme une théorie proposée et surtout pas imposée, mais l'étudiant superficiel était tenté d'aller plus loin en considérant qu'il s'agissait de la proposition, formulée avec tact, d'une loi réelle...
C'est ainsi que naissent et se développent des notions comme les "karma de compensation", "karma de provocation", "karma familial", "karma étatique", "karma suspendu", "karma de l'incarnation", etc.
Et puis l'égo, persuadé de son coup, cherche à utiliser la loi à son profit... et pour ne pas se complaire dans les "mauvais karmas", il imagine également des "bons karmas" comme s'il s'agissait de faire l'impasse du travail sur soi en graissant la patte du gardien du seuil!
Mais chut! On ne se moque pas!
Buvons plutôt à la santé du Gardien, le Seth des égyptiens, la divinité forcément la plus mal comprise, et qui en entend de toutes les couleurs!