La femme de ménage que j’avais engagée pour remplacer le couple au 196 se comporta, elle aussi, comme ses prédécesseurs.
Elle loua une maison voisine, au numéro 172, offrit aux jeunes filles des tarifs plus avantageux, et la moitié d’entre elles la rejoignirent.
Suite à mon accident, je n’avais pu m’occuper des jeunes filles comme je le faisais habituellement, et naturellement, cette femme en profita pour me supplanter, leur promettant un meilleur service et de meilleures conditions de vie.
Son fils, qui résidait chez nous et conduisait notre voiture, se révéla être un jeune homme fort malhonnête.
Je n’utilisais guère la voiture, mais à chacune de mes sorties, je devais remplir le réservoir.
Finalement, Stanley se rendit au garage et demanda des comptes sur la consommation excessive d’essence. Le responsable lui révéla comment le garçon sortait la voiture et ne la ramenait jamais avant deux ou trois heures du matin.
Les pneus étaient usés et d’autres pièces de la voiture endommagées.
Sa mère fut expulsée de la maison qu’elle avait louée dans les deux ans qui suivirent.
Stanley commença à se décourager. Les années 1937, 1938 et 1939 avaient apporté tant d’expériences douloureuses et déchirantes que nous ne savions plus vers où nous tourner.
J’eus alors le sentiment que l’époque où nous tentions de maintenir les maisons en activité touchait à sa fin.
La Federal Bank avait fait faillite et englouti la deuxième hypothèque sur laquelle mon avocat avait emprunté de l’argent. Par conséquent, il n’y avait plus rien que je pusse faire pour l’aider.
En 1939, la guerre entre l’Angleterre et l’Allemagne faisait rage. Les revenus que nous recevions de là-bas cessèrent de nous parvenir, et, avec l’hypothèque à honorer, cela créait un grave problème.
Après nous être entretenus avec les responsables de la banque, nous renonçâmes à l’hypothèque et commençâmes à payer un loyer. Stanley demanda une allocation pour la vieillesse.
Après de longues discussions, il obtint trente dollars par mois. On ne me l’accorda pas, en raison d’un titre de propriété que je détenais sur un terrain à Canton.
Après le règlement de l’affaire de Canton en 1937, je retournai en Californie. Le voyage avait été initié par les directeurs de la Loge, non pas parce que je désirais y aller, mais pour vérifier si le chef de l’Organisation à laquelle j’avais tout consacré tiendrait la promesse qu’il m’avait faite à plusieurs reprises.
Je partis donc début juillet, peu après la clôture de l’affaire judiciaire de Canton, et gagnai tout d’abord Portland pour rendre visite à ma nièce, Mme Elmer Johnson.
Pendant mon séjour, j’appris que trois hommes que je n’avais pas revus depuis mes treize ans exerçaient dans le commerce de pianos. Je les contactai. M’adressant à celui qui avait répondu à mon appel téléphonique, je dis:
- Vous ne devineriez jamais qui je suis!
L’homme répliqua:
Donnons-nous rendez-vous dans telle rue à six heures, et je parie que je vous reconnaîtrai. Ce que je fis, et lorsque nous nous approchâmes l’un de l’autre, nous lançames tous deux nos noms respectifs.
L’année de mes treize ans, ma mère était au service de leur mère. J'avais, durant cette période, contracté la diphtérie noire. J’étais gravement malade, et le plus jeune des trois avait abattu une poule pour que je puisse prendre du bouillon, je n’avais jamais oublié ce geste.
C’est son frère que je rencontrai ce matin-là. Il m’apprit que les trois vivaient ensemble et qu’un autre de leur frères était devenu aveugle. Je continuai à marcher avec lui jusqu’à leur domicile.
Je fus chaleureusement accueillie, et nous avions tant à nous dire.
Ils m'apprirent qu'une jeune fille de leur famille était devenue une excellente musicienne et était alors à Paris.
Je pris place entre les deux aînés, et celui qui avait abattu la poule s’assit en face de moi et dit: Vous savez, je pensais autrefois que vous étiez la seule chose importante au monde.
L'un des deux autres demanda: Et que penses-tu d’elle maintenant? Il répondit: Je pense toujours la même chose.
Je passai une soirée très agréable. J’appris par la suite que leur frère aveugle était décédé. Aujourd’hui, il ne reste que fort peu de personnes vivantes parmi celles que j’ai connues à cette époque, et je sais qu’il n’existe plus personne susceptible de relater quoi que ce soit à propos de mon enfance.
Je demeurai là-bas quelques jours, puis partis pour la convention en Californie.
Je reçus un accueil glacial, différent de celui de l’année précédente, mais j’avais noué de nombreuses amitiés à l’époque, qui veillèrent à ce que je sois confortablement installée.
La veille de mon départ, j’avais informé le secrétaire, Ralph M. Lewis, l’actuel Imperator, de mon souhait de rencontrer la Tête de l’Organisation et nous avons fixé un rendez vous.
Je lui avais exposé notre situation, à savoir que j’avais consacré vingt-trois ans de ma vie à la mise en place et à la promotion, allant jusqu’à offrir mon dernier cent en 1918 pour que l'Organisation vive et que, maintenant, Stanley se retrouvant désormais sans emploi, j’avais besoin d’aide et cela m'avait été promis.
C'est ainsi que le rendez-vous avait été fixé et nous le rencontrâmes dans son bureau. La Tête fut appelée et elle vint sous la forme d'un lion rugissant.
- Que veux-tu?
- Voir si tu tiendrais ta promesse.
- Je n'ai jamais fait une telle promesse.
Le secrétaire prit la parole et déclara
- J'ai lu les lettres.
Il avait lu les courriers adressés pour les raisons de ma visite et il avait survolé les copies des lettres du dossier.
La Tête piqua une rage et dit:
- Je ne vais rien te donner.
Et il sortit.
Je ne le revis plus jamais. Toutefois, il m’écrivit une fois, me demandant pourquoi je ne lui écrivais pas. Je ne lui répondis pas par écrit, mais je lui envoyai des messages par le Cosmique. Il est passé par la Transition en juillet 1939.
Frère Arthur B. Walker, de Los Angeles, m’invita à lui rendre visite, nous nous y rendîmes donc. Nous fûmes chaleureusement reçus et conduits à la découverte de lieux d’intérêt que nous n’avions pas encore visités. Je pris la parole dans la Loge locale.
De là, nous nous dirigeâmes vers Houston pour rendre visite aux cousins de Stanley, Frank Clemens et son épouse, dont le père, ministre épiscopalien, avait joué un rôle clé dans l’arrivée de Stanley en Amérique.
Après cela, nous traversâmes les États du Sud jusqu’à Washington, D.C. Nous y séjournâmes trois jours. Je fus reçue par l’un des agents des services secrets de Roosevelt, le capitaine Baron Mullaney et sa sœur, Mme William Cook, avant d’être conduits aux sites les plus remarquables de la ville.
C’était mon premier voyage à Washington. Nous y séjournâmes trois jours, puis nous nous rendîmes à New York pour une durée identique, avant de regagner notre domicile.
Jamais je n’avais été si heureuse de rentrer chez moi que cette fois-là.
Je passai le reste de l’été à rénover la propriété de Canton.
L’étudiant de l’Université de Boston qui résidait chez nous fréquentait l’école du soir, nous profitions alors de ces soirées pour travailler sur la propriété durant la journée.
Le jeune homme abattit tous les arbres morts, arracha les souches, déblaya toutes les pierres du terrain, puis construisit un mur de chaque côté de l’allée menant à l’ancienne grange.
Au cours des cinq années où je ne m’y étais pas rendue, le jardin et les massifs de fleurs avaient été négligés, tandis que les buissons entourant la maison avaient proliféré. Il les transplanta donc autour de la maison.
J’aménageai l’intérieur de la demeure aussi joliment que par le passé. Ma petite-nièce souhaitait l’occuper, ce que j’acceptai. Elle prit possession des lieux en 1938, mais à l'approche de l’hiver, elle quitta la maison pour se réinstaller en ville.
En 1939, je fis paraître une annonce afin de la louer. Trouver un locataire se révéla ardu en raison de la présence sur place de M. P.
Un couple finit par la prendre. Il eût été préférable de la laisser vacante plutôt que de permettre à de telles personnes d’y entrer. Je dus y installer un chauffage à vapeur pour un surcoût de 250 dollars.
Après l’avoir louée, je fis bâtir une petite cabane sur le flanc de la vallée, aménageai une petite salle de bains, installai des toilettes à chasse d’eau, et poursuivis l’organisation de pique-niques sur place.
Un ami construisit une cheminée extérieure où nous faisions griller des saucisses, des steaks, du maïs, du café, et autres mets.
Beaucoup d’invités venaient de l’extérieur de la ville. Les dimanches, nous y accueillions souvent trente ou quarante personnes. Stanley affectionnait cet endroit et souhaita que ses cendres y fussent déposées, à l’endroit où il aimait se reposer dans le hamac.
Il disait souvent qu’il souhaitait que nous y passions notre vieillesse, mais cela ne devait pas se réaliser. Je n’y suis revenue que pour des affaires après sa transition.
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Anglais : Never had I been so happy to return home as I was that time.
Allemand : Noch nie war ich so glücklich, nach Hause zurückzukehren, wie dieses Mal.
Espagnol : Nunca había estado tan feliz de volver a casa como en esa ocasión.
Italien : Non ero mai stata così felice di tornare a casa come quella volta.
Portugais : Nunca tinha ficado tão feliz por voltar para casa como daquela vez.
Grec : Ποτέ δεν ήμουν τόσο ευτυχισμένη που γύρισα στο σπίτι όσο εκείνη τη φορά.
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