À la fin du mois d’avril, alors que je me rendais chez un dentiste dont le cabinet se trouvait dans un immeuble de Boylston Street, je fis une chute, dégringolant en arrière sur vingt et une marches de marbre.
Je ne sais comment mon cou n’a pas été brisé. J’ai crié, bien entendu, et fus aussitôt entourée par plusieurs hommes de l’immeuble.
Ma voiture était stationnée dans la rue. Le jeune chauffeur entra, ils m’installèrent à l’intérieur, et je leur demandai de me conduire à l’hôpital Peter Bent Brigham, puis de rentrer chez nous et de prévenir mon mari ainsi que M. Fitch, Frère de la Loge, avec qui j’avais prévu de me rendre quelque part, ce soir là.
Je fus allongée sur la table d’opération. Mon cuir chevelu présentait quatre coupures sur le dessus de la tête. Le médecin rasa mes cheveux à cet endroit et recousit les plaies. Son intention initiale était de me renvoyer chez moi, mais, après examen radiologique, il en décida autrement, me déclarant "Nous ne pouvons pas vous renvoyer chez vous votre dos est brisé".
Je lui dit : "ce n'était pas possible."
Je leur demandai d’appeler la maison et de prier Frère Fitch de venir s’occuper des dispositions nécessaires pour moi. Stanley se révélait totalement démuni en de telles circonstances. Ils m’installèrent donc dans une chambre et me donnèrent un sédatif pour m’endormir.
L’interne me demanda si j’avais un médecin de famille, je répondis: "il y en a un qui m'avait traitée en 1921 mais je ne veux plus le voir, vous devrez m'en trouver un autre".
Ce qu'il fit, et le suivant vint me voir le lendemain matin, avant de me faire conduire en salle d’opération.
Ma main gauche était écrasée, le pouce fracturé et déboîté. Je restai allongée sur cette table pendant une quinzaine de minutes, jusqu’à ce que le médecin arrive et ordonne à l’interne de me ramener dans ma chambre.
Je demandais "Pourquoi cela? Il me dit "le Dr Untel le dira".
On ne m'offrit pas de petit-déjeuner.
Vers dix heures, un médecin entra et annonça qu’il allait s’occuper de moi.
- "Votre dos ne présentait aucune fracture, mais est salement contusionné".
Je fus placée dans une chambre semi-privée, où ma voisine de lit ronflait bruyamment.
Je ne revis jamais ce médecin. Je demeurai là dix-sept jours. Mon pouce n’avait toujours pas été remis en place, ni la fracture de la main réduite.
Le frère du médecin vint me rendre visite et me dit: "Mon frère vous transmet ses salutations, il a été malade et c'est moi qui vais m'occuper de vous."
On me conduisit en salle d’opération sur une civière. Une attelle fut appliquée sur mon pouce pour le maintenir droit. Ils me renvoyèrent, ensuite, chez moi, avec plusieurs rendez-vous de contrôle consécutifs les jours suivants. Chaque consultation me fut facturée dix dollars.
On peut imaginer que, durant ces dix-sept jours, la nature avait accompli son œuvre, et qu’à leur terme, les os et la chair s’étaient ressoudés.
Mais au bout d’un certain temps, je constatai que quelque chose était anormal au niveau de mon pouce.
En revanche, ils m’envoyèrent une facture de cent dollars.
Je décidai de consulter un médecin proche de chez moi, sur Bay State Road, et lui montrai ma main. Ne les payez jamais, me dit-il, le pouce n’a jamais été traité comme il aurait dû l’être.
Un médecin de l’hôpital fut dépêché chez nous pour recouvrer les cent dollars. Lorsque je lui montrai mon pouce, il déclara que j'avais raison de refuser de payer, et que je pourrais, si je le souhaitais, les poursuivre pour négligence.
Depuis lors, je n’ai plus jamais pu soulever quoi que ce soit avec ma main gauche.
L’été qui suivit, je ne fus guère utile.
Je dus porter une perruque pendant un an, le temps que mes cheveux repoussent.
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- début des Confidences de Marie-Louise
Anglais : I was never again able to lift anything with my left hand.
Allemand : Ich konnte danach nie wieder etwas mit meiner linken Hand heben.
Espagnol : Nunca más pude levantar nada con mi mano izquierda.
Italien : Non sono mai più riuscito a sollevare nulla con la mia mano sinistra.
Portugais : Nunca mais consegui levantar nada com a minha mão esquerda.
Grec : Δεν μπόρεσα ποτέ ξανά να σηκώσω τίποτα με το αριστερό μου χέρι.
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