En 1909, mon mari perdit son emploi au Boot and Shoe Recorder sans que ce soit de son fait. Il occupait cet emploi depuis vingt-cinq ans, ayant été engagé comme responsable administratif par les deux associés qui dirigeaient l’entreprise.
Les partenaires se brouillèrent, et le président partit à New York sans prévenir quiconque de son projet de vendre ses parts à la Root Publishing Association.
Naturellement, le premier poste que les dirigeants de la Root Publishing voulurent confier à leurs propres employés fut celui de la gestion administrative.
A l’origine, cinq hommes qui s’étaient associés à ces deux partenaires et avaient été assurés qu’en cas de départ de l’un d’eux, une société serait créée pour leur permettre de diriger l’entreprise, mais cet accord fut oublié.
Le président ne pensait qu’à tirer le maximum de profit pour lui-même.
Les hommes qui avaient consacré le meilleur de leur vie à l’entreprise furent laissés pour compte.
Mon mari était effondré, il pleura toute la nuit.
Je ne sais pas ce qui serait arrivé s’il avait eu une épouse différente.
Avec un peu de capital en main, nous avons exploré diverses opportunités avant de nous associer à un homme d’une soixantaine d’années qui cherchait précisément ce que Stanley pouvait offrir.
Cet homme avait fondé une fabrique de chocolat. Nous investîmes tout ce que nous avions, et un ami banquier ajouta cinq mille dollars pour nous aider.
L’entreprise engagea un représentant, et tout semblait bien se passer.
Or, à l’automne suivant, alors qu’une affaire prospère était attendue, le représentant, qui détenait la liste de la totalité de la clientèle, convainquit un de ses amis d’ouvrir une usine concurrente et quitta notre entreprise du jour au lendemain.
Pire encore, l’homme avec qui il s’était associé, qui en était à la fois président et trésorier, avait retiré la majeure partie de l’argent initial pour lancer sa propre affaire à Springfield, Massachusetts.
Quel choc ce fut pour nous deux ! Je compris alors que Stanley n’était pas fait pour être entrepreneur.
Il pouvait gérer le bureau de quelqu’un d’autre, tenir les comptes, les livres, gérer l’argent à la banque, mais pas être associé. Sa droiture était telle qu’il ne concevait pas la tromperie, du moins, jusqu’à ce triste jour.
Nous étions tous deux profondément découragés, sans personne vers qui nous tourner. Heureusement, j’avais acquis la réputation de réussir tout ce que j’entreprenais.
Un jour, alors que je me reposais sur mon canapé, me demandant ce que nous allions faire, la présidente d’une œuvre de charité locale vint me proposer un salaire si j’acceptais le poste de secrétaire financière.
Naturellement, j’acceptai. Cela suffirait à couvrir nos frais de subsistance.
La première chose que je fis fut de solliciter les présidents des différentes banques pour qu’ils prêtent leurs noms à l’en-tête de la lettre de l’association, et chacun donna 500 dollars.
Mon nom apparut comme secrétaire financière sous cet en-tête prestigieux, ce qui eut pour effet d’encourager toutes les personnes sollicitées à donner.
Ma première grande entreprise fut de promouvoir un opéra, Dick the Dreamer, écrit par les épouses de deux médecins locaux. Je parvins à y intéresser toute la ville. Les commerçants firent de la publicité dans notre programme. Toutes les femmes de la haute société prêtèrent leurs noms comme patronnes. Toutes les jeunes filles de la bonne société participèrent aux différentes danses. Les étudiants de Harvard nous aidèrent. Les journaux firent tout leur possible pour promouvoir l’événement, rien ne nous arrêta, et ce fut un succès.
Cela rapporta plusieurs milliers de dollars à l’œuvre de charité, qui était alors le Frances Willard Settlement, un foyer pour jeunes femmes nécessitant un logement à prix modique. Je servis cette œuvre pendant plusieurs années, tout en m’impliquant dans la crèche et autres activités.
En 1910, une femme venue à Boston pour recevoir des traitements du Dr Worcester de l’église Emmanuel, connu comme un guérisseur par la foi, fut la marraine d’un club de déjeuner pour neuf cents dames de la ville et de l’État.
Cette personne possédait plus d’argent qu’elle n’en pourrait jamais dépenser. Pendant son séjour en ville, elle fréquentait un salon de thé sur Boylston Street dont la directrice était très compétente en restauration. Riche de quatorze millions de dollars, cette dame lui demanda, un jour, si elle accepterait de gérer un salon au rez-de-chaussée d’un immeuble vacant depuis peu. Naturellement, la directrice accepta.
Madame L. confia le projet à son avocat et partit pour Paris.
Le rez-de-chaussée fut loué pour 10 000 dollars les deux premières années et 8 000 dollars les trois années suivantes. Madame P. devait recevoir la moitié des bénéfices. La décoration ainsi que l’ameublement du salon de thé furent laissés à sa charge.
Madame L. estimait que cinq mille dollars suffiraient, mais elle était partie sans indiquer à son avocat la somme à remettre à Madame P. Celle-ci engagea donc un décorateur pour aménager le salon.
Les équipements étaient à la hauteur de ce que l’argent pouvait offrir de mieux. Les couleurs choisies pour la décoration étaient le rose, le gris pâle et l’or.
Les commodités et les vestiaires étaient au sous-sol, avec une entrée depuis la rue, et le salon de thé était accessible par une marche. Un petit bureau était aménagé à l’arrière.
Mais les fonds ne furent pas suffisants pour couvrir le loyer du salon de thé, ainsi que le salaire de l’assistante cuisinière et des serveuses. Dans le but d’augmenter les revenus de la petite affaire, les avocats de Madame P. et de Madame L. se réunirent et proposèrent la création d’un club associé au salon de thé pour les femmes de la haute société.
Des invitations furent envoyées, et neuf cents dames, de la ville et des alentours, s’inscrivirent moyennant une cotisation annuelle s’élevant à douze dollars pour les membres de la ville et cinq dollars pour ceux de l’extérieur.
Cet argent fut géré par Madame P., mais lorsqu’il s’épuisa, celle-ci décida d’ouvrir les portes à tout public, au grand dam des membres qui pensaient avoir rejoint un club exclusif pour dames.
Une amie investit 5 000 dollars, une autre 2 000 dollars, mais ce n’était qu’une goutte d’eau.
À cet instant, on fit appel à moi, connue pour mener à bien chaque projet, dans l’espoir que je trouve une solution à leurs problèmes.
- début des Confidences de Marie-Louise
(à suivre..)
Anglais :
My first major endeavor was to promote an opera.
Allemand :
Mein erstes großes Vorhaben war es, eine Oper zu fördern.
Espagnol :
Mi primera gran empresa fue promover una ópera.
Italien :
La mia prima grande impresa fu promuovere un'opera.
Portugais :
Minha primeira grande iniciativa foi promover uma ópera.
Grec :
Η πρώτη μου μεγάλη προσπάθεια ήταν να προωθήσω μια όπερα.