Une vingtaine de messages du Bistrot nous ont familiarisé avec cette personnalité que nous nommons Églé de Vallière, bien qu'elle soit plus connue sous le nom de Marie Louise de Monspey, et encore plus connue sous le pseudonyme d'Agent Inconnu qui lui fut attribué par Jean Baptiste Willermoz.
Les Habitués se souviennent que c'était elle qui avait fait la leçon à Louis Claude de Saint Martin, le conduisant seulement à adopter le pseudonyme plus impersonnel de "Philosophe Inconnu"...
Un correspondant discret du Bistrot que nous nommerons Denis B. nous a fourni d'appréciables et intéressants éléments inédits.
Toute jeune et à peine sevrée, Églé fut enlevée à sa mère et confiée à son austère grand mère qui vivait à Apt dans le Vaucluse. (La photo ci-dessus représente le plafond de la Cathédrale Sainte Anne d'Apt.)
C'est seulement à l'âge de 43 ans en 1774 qu'Églé put retourner à Vallière en ayant vécu toute sa vie séparée de sa mère et de ses sœurs...
L'écriture avait constitué très vite son refuge: "Eloignée de tous mes amis, je n’ai d’autres plaisirs que de recevoir de leurs nouvelles et de leur écrire" ou encore "je ne vis bien que par l’écriture" écrivait-elle.
A Apt, condamnée à la solitude, la lecture et l'écriture constituaient son occupation permanente... Même à table, elle faisait lire le secrétaire de sa grand mère...
A 28 ans elle sympathisa avec une personnalité intéressante âgée de 20 ans: Élisabeth de Fortia de Pilles qui se destinait à devenir Chanoinesse de Neuville.
Mais le père d'Églé, Joseph-Henri de Monspey était cousin d'Alexandre de Beauregard, lui aussi Chevalier de Malte, et leurs deux familles étaient restées très amies.
Toujours est-il qu'Elisabeth épousera Alexandre-Aimable de Beauregard dont elle eut sept enfants.
Bien qu'Elisabeth demeurait à proximité d'Églé, une abondante correspondance s'établit...
Et comme Églé, sous l'autorité de sa grand mère lui partageait naturellement ses lectures, il s'organisa deux correspondances parallèles avec Elisabeth: une publique et une secrète qui lui parvenait par un circuit parallèle et qu'elle nommait "les missives de contrebande"...
-"Ecrivez-moi vite, mais en catimini s’il vous plaît. J’aime le mistère (sic), je suis si gênée dans les lettres publiques et si gauche quand je suis gênée.
"J’ai reçu de vous, ma chère cousine, une lettre publique et je vous réponds en catimini parce que j’ai tout plein de folies à vous mander et que les folies ne se disent pas tout haut."
(à suivre)