Dans son allégorie du "Voyage d'un Pèlerin vers l'Est", Spencer Lewis exprime a priori la transmission de la Tradition aux 3 niveaux que sont le Cheminement de l'Homme, l'Activité de la Fraternité Invisible et la Progression de l'Humanité.
Dans l'épisode du Voyage que le Bistrot traduit actuellement, afin d'attirer notre attention, Lewis utilise, comme sur son dessin ci-contre, le terme "The Dongeon" qui est un mot archaïque proche de l'ancien anglais qui connaît le mot "dungeon".
C'est une manière discrète d'attirer notre attention sur la nécessité de plancher sur ce mot, comme nous nous proposons de le faire ici, en commençant d'abord par le symbolisme de la "Chambre Haute"...
Dans la tradition rosicrucienne, "la Chambre Haute" est le lieu le plus élevé de la maison qui est réservé aux études mystiques, à la méditation et aux rituels lumineux permettant d'élever le taux vibratoire.
Ce n'est certainement pas révéler un secret que de dire que la chambre est haute, non pas par son altitude mais par la qualité de son niveau vibratoire!
Lorsqu'un Buveur ou une Buveuse établit donc chez lui un endroit réservé qu'il nomme "sanctum" ou "télesterion", où il pourra se recueillir et "s'élever", il reproduit et matérialise simplement le processus rituélique de la "Chambre Haute"...
La Chambre Haute est donc le lieu permettant de se rapprocher de son Être intérieur et c'est une autre manière d'approcher le symbole du Premier Degré Néophyte: le point dans le carré.
De la même manière qu'un visiteur profane sera toujours tenu à l'écart de la Chambre Haute, en revanche le visiteur, en qui l'on reconnait un être élevé, sera invité à séjourner dans la Chambre Haute.
Dans toutes les traditions qui furent en relation avec la Tradition Primordiale, il doit être possible de trouver ci où là un rappel de ce processus.
Par exemple, l'Ancien Testament mentionne un passage du prophète Elisée, qui est "reconnu" et "invité" systématiquement dans la "chambre haute" créée pour cette occasion.
""Un jour Élisée passait par Sunem. Il y avait là une femme de distinction, qui le pressa d’accepter à manger. Et toutes les fois qu’il passait, il se rendait chez elle pour manger. Elle dit à son mari: Voici, je sais que cet homme qui passe toujours chez nous est un saint homme de Dieu. Faisons une petite chambre haute avec des murs, et mettons-y pour lui un lit, une table, un siège et un chandelier, afin qu’il s’y retire quand il viendra chez nous.""
Mais il est intéressant de constater que le symbolisme de la Chambre Haute rejoint celui du "Donjon".
Naturellement il ne s'agit absolument pas ici de ce détournement du mot "donjon" pour en faire une cave sombre ou un cachot sordides réservé à des parties fines ou à des rituels sado-masochistes...
Donnons plutôt un sens symbolique aux explications qui suivent sur le sens du mot donjon...
""Le donjon est, avant tout, la tour maîtresse d'un château fort, qui était la demeure du seigneur et de sa famille et le dernier retranchement de sa garnison.
Le donjon était prévu pour résister, quand bien même les murailles extérieures du château serait prises à la suite, par exemple, de la félonie de certains vassaux.
Dès le début de sa construction, le donjon était conçu pour comporter une ouverture secrète et cachée, débouchant à l'extérieur de l'enceinte du château.""
Examinons à présent le sens du mot donjon à la lumière de son étymologie.
Rappelons que l'approche traditionnelle de l'étymologie ne s'arrête pas à la recherche d'une racine latine ou grecque mais vise plutôt à approfondir le véritable sens symbolique d'un mot...
Avec des mots simples: il s'agit généralement de la recherche d'un sens élevé que l'usage profane a toujours eu tendance à dégrader...
Le mot donjon se rattacherait au gallo-romain "dominio" qui exprime le seigneur. En latin "dominus" est le maître. Nous trouvons aussi en proto-germanique "dunghio" qui est un trésor, tandis qu'en indo-européen "dheng" signifie protéger, et l'islandais témoigne de l'utilisation du terme "dyngja" dans le sens de "chambre"...
Alors le message paraît clair: un profane assimile, sans en être conscient, le donjon à sa prison égotique.
En avançant sur le sentier il cherchera à remplacer son ego par son "maître intérieur" et ses charges psychiques par un trésor de sagesse accumulée...
Enfin, pour l'initié, le donjon prend le sens de protection naturelle de son Être intérieur, sa seule véritable richesse...