Un tigre, qui avait tué trop de moutons, était enfermé dans une cage.
Un passant, le vit.
Le tigre supplia le passant de lui ouvrir la porte pour le laisser chercher à boire.
-"Mais si je t'ouvre la cage, tu me mangeras, donne-moi ta parole que tu me laisseras en vie"...
Le tigre donna sa parole et le passant lui ouvrit la cage...
A peine sorti de sa cage, le tigre voulut manger le passant...
Le passant affolé, lui rappela la parole donnée, mais la réponse désarmante du tigre fut simplement:
-"Mais, je suis un tigre, je n'ai pas de parole".
Alors le passant plaida son honnèteté et la justesse de sa cause. Il obtint du tigre la faveur de ne prendre sa décision qu'après avoir consulté 5 avis...
Le premier à être consulté fut un banian, une sorte de figuier qui produit des figues d'un jaune éclatant en forme de bananes, qui dit:
- "Les hommes s'abritent le jour de la chaleur du soleil à l'ombre de mes feuilles et se rafraichissent de mes fruits, mais le soir quand ils sont repus, ils brisent mes branches et éparpillent mes feuilles. Les hommes sont inconstants! Que le tigre le mange!"
Le passant dut calmer à nouveau le tigre qui voulait le dévorer immédiatement et ils demandèrent l'avis du buffle qui leur dit:
- "Quand j'étais jeune et fort, les hommes me faisaient porter leurs lourds fardeaux et tirer leurs chariots, maintenant que j'ai pris de l'âge, il me laissent sans nourriture. Les hommes sont ingrats! Que le tigre le mange!"
Le passant dut calmer à nouveau le tigre et ils demandèrent l'avis de l'aigle qui planait au dessus d'eux:
- "Je vis dans les airs, et je ne cause aucun mal aux hommes. Cependant, chaque fois qu'ils le peuvent, ils tuent mes enfants et me lancent des flèches. Les hommes sont fondamentalement cruels! Que le tigre le mange!"
Le passant dut calmer à nouveau le tigre et ils demandèrent l'avis du vieux crocodile...
- "Je vis couché dans la rivière boueuse, je ne chasse pas les hommes et pourtant ils me jettent des pierres et m'insultent en me repoussant de leurs bâtons pointus. Les hommes sont remplis de haine. Que le tigre le mange!"
Le passant dut encore calmer le tigre et ils finirent par demander l'avis d'un petit chacal qui gambadait tout heureux sur la route.
- "Je ne comprends rien à votre histoire... Si vous voulez vraiment mon avis, il va falloir m'expliquer mieux que ça!", dit le chacal.
- "Est-ce vraiment juste que le tigre veuille me manger après que je l'aie fait sortir de sa cage?"
- "Qu'est-ce d'abord que cette histoire de cage? Qu'est-ce qu'une cage?"
- "C'est une construction en bambou..."
- "En bambou? Je ne comprends pas, je n'ai jamais vu de cage..."
Il retournèrent jusqu'à la cage...
- "Mais je ne comprends toujours pas"... Et se tournant vers le passant: "tu dis que tu l'as délivré, qu'est-ce que ça veut dire?"
- "Oui je marchais sur la route quand je vis le tigre"...
Le chacal l'interrompit et se tourna vers le tigre:
-"Où étais-tu?"
-"Là dedans, j'étais emprisonné," dit le tigre furieux en montrant la cage.
- "Emprisonné? C'est à dire?"
- "C'est à dire que j'étais dedans et que je ne pouvais pas sortir!"
- "Je ne comprends pas", dit le chacal.
Le tigre éprouva l'envie de les dévorer tous les deux mais sauta dans la cage pour mieux montrer les souffrances de son enfermement.
- "Et tu étais dans quelle position?"
- "Comme ceci, avec la tête qui ne pouvait regarder que dans cette direction."
- "Et pourquoi ne pouvais-tu pas sortir?"
- "Tu ne comprends donc pas que la porte était fermée", dit le tigre.
- "Fermée, c'est à dire?"
- "C'est à dire qu'il y avait un verrou", dit le passant en le poussant.
- "Ah?", fit le chacal, "et bien, je te conseille de le laisser fermé et de poursuivre ta route. Nos chemins se séparent à présent, je vous laisse, bonne journée à tous les deux!"