La liberté de pensée commence par la compréhension du processus mental. C'est, en effet, cette connaissance qui permet de savoir ce qui est réel et ce qui est illusoire, ce qui est transitoire et ce qui est permanent, ce qui a quelque valeur et ce qui n'en a pas.
Voici un texte de l'écossais David Hume (1711-1776) dont la statue ci-dessus est à Edimbourg (Ecosse).
« Nous pouvons donc ici diviser toutes nos perceptions en deux catégories ou espèces, qui se différencient par leur degré de force et de vivacité. Les moins vigoureuses et les moins animées sont communément dénommées pensées ou idées. Les autres sortes auraient besoin d'un nom, en notre langue comme en la plupart des autres ; je suppose qu'il n'était pas nécessaire, sauf dans un but philosophique, de les classer sous un terme ou une appellation générique. Permettons-nous donc quelque liberté et appelons-les « impressions», donnant à ce mot une acception quelque peu différente de son sens habituel. Par le mot « impression », je veux ainsi parler de nos perceptions les plus vives, lorsque nous entendons, voyons, sentons, aimons, haïssons, désirons ou voulons. Les impressions sont distinctes des idées, qui sont des perceptions les moins vives dont nous sommes conscients lorsque nous réfléchissons sur l'une quelconque des sensations ou mouvements ci-dessus mentionnés.
A première vue, rien ne semble plus illimité que la pensée de l'homme, car non seulement elle échappe à tout pouvoir ou autorité humaine, mais elle n'est même pas astreinte aux limites de la nature et de la réalité. Pour former des monstres ou bien joindre les formes ou les apparences les plus hétéroclites, il n'en coûte pas plus à l'imagination que de concevoir les objets les plus naturels et les plus familiers. Et pendant que le corps est attaché à une planète, sur laquelle il rampe avec peine et dans la souffrance, la pensée peut, en un instant, nous transporter vers les régions les plus lointaines de l'univers ou même, par delà l'univers, dans le chaos illimité où l'on suppose que la nature règne dans la plus extrême confusion. Ce qui n'a jamais été vu ni entendu peut, cependant, être conçu, et rien ne surpasse le pouvoir de la pensée, si ce n'est ce qui implique une absolue contradiction ».