Almamula signifie en espagnol, "l'âme de la mule" ou "la mule de l'âme"... C'est une légende argentine qui raconte qu'une femme avait eu des relations sexuelles avec son frère, son père et le curé du village. A la suite de quoi elle aurait été changée en mule. Une mule chargée de chaînes et perverse qu'il vaut mieux ne pas croiser la nuit dans la montagne sous peine de recevoir un coup de sabot perfide qui nous renverrait rapidement dans la vallée... à moins que nous soyons l'homme vaillant qui puisse libérer la mule de ses chaînes et son âme de ses épreuves.
La légende campagnarde a ajouté aux nuits, les jours de tempêtes et la légende urbaine a ajouté à la montagne, la périphérie des villes ou sont censées se réaliser davantage qu'ailleurs des "relations sexuelles illicites"...
Tout cela serait peut être sans grande signification, s'il n'y avait pas un intéressant second degré...
Pour le comprendre, il faut connaître les "hybrides F1"... C'est le nom que l'on donne en botanique à la première génération d'un croisement entre deux lignées pures ou deux espèces différentes. La nouvelle variété produite combine certains avantages de ses deux parents mais reste généralement stérile.
Si l'on quitte la botanique pour l'élevage, le croisement entre un âne et une jument donne aussi un "hybride F1", un mulet, un animal qui possède la force du cheval et la résistance de l'âne. Mais les mulets obtenus sont stériles. A l'exception d'une petite centaine d'exceptions depuis des siècles, ils ne peuvent généralement pas se reproduire.
Les éleveurs regrettent cela car, pour obtenir un mulet, il doivent réaliser un véritable rituel magique nécessitant pas moins de 5 animaux... Et oui, il y a naturellement la mère: la jument (1) et le père: l'âne (2). Mais la jument ne se sentant pas du tout attirée par l'âne est d'abord mise en présence d'un cheval (3) qui porte le nom de "boute en train". Il faut ensuite parvenir à dégager le cheval (3) et on utilise pour celà une deuxième jument (4)... Mais il ne faut pas que la première jument s'affole et afin qu'elle reste totalement sereine, il n'y a rien de mieux que d'avoir prévu depuis le début à côté d'elle un jeune poulain (5). Les choses étant parfaitement organisées, l'âne (2) peut entrer en action!
Mais revenons au sujet après cette intéressante digression...
De nos jours, dans les cultures, 9 graines utilisées sur 10 sont des "hybrides F1". Les fruits produits sont stériles et leurs graines dégénèrent d'une année sur l'autre. Elle ne peuvent être semées l'année suivante, obligeant les producteurs à racheter de nouvelles semences aux multinationales qui se partagent le marché et cherchent naturellement à faire disparaitre l'indépendance biologique des êtres humains.
De plus, si les semences F1 ont l'avantage d'obtenir un rendement élevé et des produits stables comme il convient sur les étalages, elles nécessitent des engrais chimiques, des pesticides et toute une gamme de produits qui perturbent les terroirs et parasitent l'espéce humaine à plus ou moins court terme... Est-ce la malédiction d'Almamula qu'il conviendrait d'éviter de notre mieux?