Pour beaucoup de Francs-Maçons, René Guénon est une autorité morale et intellectuelle et le Bistrot a récupéré son texte intitulé Rose+Croix et Rosicruciens publié en 1930 par Paul Chacornac dans un numéro spécial de la revue le Voile d'Isis et qui portait le titre prometteur de La Tradition Rosicrucienne.
Ce document de 80 pages est épuisé de nos jours et il se retrouve parfois d'occasion pour un prix avoisinant 100 ou 200€...
Il est intéressant de comparer la pensée de René Guénon avec l'approche du Bistrot.
Pour mémoire, Harvey Spencer Lewis distinguait discrètement deux catégories: d'une part les simples membres de son organisation (Members) qui étaient nommés en privé Brothers and Sisters et d'autre part les Rosicrucians pour désigner des étudiants avancés.
Brothers and Sisters devenaient généralement en français, non pas Frères et Sœurs, mais plutôt Fratres et Sorores.
Mais comment fallait-il traduire Rosicrucian?
Certains traduisaient simplement par rosicrucien et d'autres par Rose+Croix sous l'influence maçonnique d'un Grand Maitre francophone controversé.
Mais le Bistrot insiste régulièrement sur l'anomalie consistant à utiliser le terme Rose-Croix pour désigner une personne...
C'est nécessairement une formulation profane!
En effet, jamais un rosicrucien avancé ne prétendra avoir assimilé la Rose+Croix au point de se prétendre lui-même Rose-Croix. Une telle idée ne peut germer que dans un cerveau profane!
Par conséquent la formulation correcte est celle de rosicrucien en précisant éventuellement indépendant si cette nuance est d'importance.
Mais laissons la parole à René Guénon:
Le nom de Rose-Croix est, de nos jours, employé le plus souvent d'une façon vague et parfois abusive, et appliqué indistinctement aux personnages les plus différents, parmi lesquels bien peu, sans doute, y auraient réellement droit.
Pour éviter ces confusions fâcheuses, il semble que le mieux serait d'établir une distinction nette entre Rose-Croix et Rosicruciens, ce dernier terme pouvant sans inconvénient recevoir une plus large extension que le premier; et il est probable que la plupart des prêtendus Rose-Croix, communément désignés comme tels, ne furent véritablement que des Rosicruciens.
Pour comprendre cette distinction importante, mais trop négligée, il est nécessaire de se rappeler que, comme nous l'avons déja fait remarquer en d'autres occasions, les vrais Rose-Croix n'ont jamais constitué une association avec des formes extérieures définies.
Il y a eu cependant, à partir du 17e siècle tout au moins, de nombreuses associations qu'on peut qualifier de rosicruciennes, mais on peut en même temps être assuré que les membres n'étaient nullement des Rose-Croix, et cela du fait même qu'ils faisaient partie de telles associations.
Il y a là quelque chose qui peut sembler paradoxal et même contradictoire à première vue; aussi avons~nous pensé que quelques explications à ce sujet pourraient avoir leur utilité, car la distinction est loin de se réduire à une simple question de terminologie, comme on pourrait le croire, et elle se rattache à des considérations d'un ordre beaucoup plus profond.
(à suivre)
Anglais: The difficulty of expressing one's attachment to the Rose+Croix.
Allemand: Die Schwierigkeit, seine Verbundenheit mit der Rosenkreuzer auszudrücken.
Espagnol: La dificultad de expresar el apego a la Rosa+Cruz.
Italien: La difficoltà di esprimere il proprio attaccamento alla Rosa+Croce.
Portugais: A dificuldade de expressar o apego à Rosa+Cruz.
Grec: Η δυσκολία να εκφράσει κανείς τη συνάφειά του με το Ρόζα+Κρουξ.