Avant Champolion, le jésuite Athanase Kircher (1602-1680), ci-dessus à gauche, interprétait les hiéroglyphes égyptiens comme une bande dessinée. C'était le sommet de la connaissance profane de l'époque...
Voici ce qu'il écrivait à propos du tarot dans le livre 7 de son ouvrage la science du grand art résumé en 12 livres (Ars Magna Sciendi in XII Libros Digesta):
Les plus anciens monuments égyptiens contenaient les symboles et les mystères des allégories sacrées représentés d'une manière assez similaire à ce qui est évoqué dans le jeu de Tarot.
(In veteribus Ægyptiorum monumentis tota mysteria et sacra allegorice ac symbolice exornabantur, adeoque plane similes videntur his, quae in lusibus Tarot vocantur.)
(...) Les initiables égyptiens utilisaient des cartes similaires pour étudier les éléments de leurs Mystères, et le tarot en provient peut-être.
(...) Hujusmodi figuras Ægyptii in chartis consimilibus edebant, quibus mysteriorum suorum elementa et initiantes ac discipuli erudiebantur, unde fortasse Tarotum originem traxit.
Cette approche va se retrouver chez Court de Gebelin (1728-1784), ci dessus à droite:
Si l’on entendait annoncer qu’il existe encore de nos jours un Ouvrage des anciens Égyptiens, un de leurs Livres échappé aux flammes qui dévorèrent leurs superbes Bibliothèques, et qui contient leur doctrine la plus pure sur des objets intéressants, chacun serait, sans doute, empressé de connaître un Livre aussi précieux, aussi extraordinaire.
Si on ajoutait que ce Livre est très répandu dans une grande partie de l’Europe, que depuis nombre de siècles il y est entre les mains de tout le monde, la surprise irait certainement en croissant: ne serait-elle pas à son comble, si l’on assurait qu’on n’a jamais soupçonné qu’il fût Égyptien, qu’on le possède comme ne le possédant point, que personne n’a jamais cherché à en déchirer une feuille: que le fruit d’une sagesse exquise est regardé comme un amas de figures extravagantes qui ne signifient rien par elles-mêmes?
(...) Ce livre est en un mot le jeu des Tarots.