Ce portrait connu représente un personnage controversé du rosicrucianisme: le Grand Maître Bernard Raymond Fabré Palaprat (1773-1838).
C'est un profil intéressant que croisent inéluctablement les Chercheurs de Lumière: l'homme est brillant et jouit d'un prestige reconnu (Fabré Palaprat est médecin), ses facultés psychiques étonnent parfois et il a de réelles connaissances ésotériques qui impressionnent toujours. Il prêche pour l'église de Jean rejetant l'Église de Pierre qui se perpétue au travers d'un courant passant par l'église d'Orient et l'ordre du Temple.
Comment ne pas le croire lorsqu'il déclare:
Ego Bernardus-Raymundus Fabre, Deo juvante, Supremum Magisterium acceptum habui, die quarta novembris, 1804.
(Moi, Bernard-Raymond Fabre, avec l'aide de Dieu, j'ai reçu le Suprême Magistère le 4 novembre 1804.)
Fabré-Palaprat appartient à un ordre templier qui n'aurait pas totalement disparu et c'est tout naturellement qu'il ajoute son nom à la successions d'une filiation templière de Grands Maîtres en sa possession qui accompagne la Charte de Larmenius laquelle semble dater de 1324 et qui commence ainsi:
Ego Frater Johannes Marcus Larmenius Hierosolymitanus...
(Moi Jean Marc Larmenius de Jérusalem...)
Un premier détail sonne déjà faux: en 1324, il y a belle lurette que les Templiers ont été chassés de Jerusalem... C'est précisément en 1291 qu'il ont perdu leur dernier bastion de résistance à Sant Jean d'Acre, tandis que Jérusalem avait été récupérée bien avant par Saladin en 1187...
Mais cela n'empêche pas Bernard Raymond, de reprendre à son compte la Petite Résurrection des Templiers, construite de toute pièce, à la cour versaillaise de Louis XIV, dès 1682 par un petit groupe de courtisans qui affectionnait de s'embrasser sur la bouche à la façon, disaient-ils, des initiés templiers...
Certains affirment que ce serait le jésuite italien, Filippo Buonnanni (1638-1725) qui aurait été le talentueux faussaire de la Charte de Larmenius, mais encore reste t-il à le prouver...
Ces néo-templiers furent bannis de la cour mais continuèrent à se réunir en cachette et vers 1705 c'est autour de Philippe d'Orleans (le gay frère de Louis XIV) que se poursuivait la perpétuation de leur tradition.
Entre les mains de Fabré Palaprat, à la charte, se retrouve annexée, une liste de prédécesseurs et de successeurs de Jacques de Molay, qui fut le dernier grand maître et qui finit sur le bûcher en 1314. Mais, depuis Palaprat, les spécialistes ont démontré que la liste contenait d'injustifiables erreurs de dates.
Mais le plus surprenant c'est de voir Ralph Lewis, devenu imperator après la mort de son père, accorder du crédit à la Charte de Larmenius dans la longue série des monographies templières du 12e degré:
"Les documents des archives de l'Ordre du Temple établissent que de Molay nomma son Grand Maître successeur."
Cette théorie ne tient absolument pas:
- d'une part Jacques de Molay était surveillé dans sa prison et on l'imagine mal y désigner son successeur...
- d'autre part, en aucun cas, un grand-maître du Temple n’avait ce pouvoir...
- et si l'Ordre était maintenu, seul le grand conseil secret aurait été en droit d'élire le successeur éventuel.
"Il nomma un haut Conseiller, alors Légat en Angleterre, à la position de Grand Maître. Cet homme se nommait Jean Marc Larmenius..."