Dans les premières éditions du Lotus Bleu (1936) la vignette de Toung Si Nan Peï était monochrome et la formulation chinoise était absente ce qui nous montre que la pensée d'Hergé s'est affinée au fil des années.
Dans le graphisme original, outre le petit tourbillon sombre qui s'échappe du chakra coronal du chinois, ce qui évoque un signe de possession psychique..., seul l'arbre qui penche insinue une idée de déséquilibre. Plus tard c'est un temple qui sera dessiné, inspiré par le Golden Temple d'Amritsar, au Penjab, dont nous reconnaissons les clochetons.
C'est une petite anomalie car Tintin est censé être logé dans le palais du Maharadjah et il n'y a aucune raison qu'un temple soit si proche. Mais, détail subtil, le gros clocheton se trouve du côté de Tintin, ce qui suggère une position à l'Est, laissant discrètement entendre que Tintin, de par sa réalisation, occupe la station de Maître du Temple...
Les Habitués ont apprécié que le graphisme Est-Ouest-Sud-Nord représente le quatre de chiffre, si souvent évoqué au bistrot et qui exprime l'idée de relier les deux branches de la croix. Il est ici à l'envers comme il convient à un fou...
Pour préciser davantage les choses, il y a toujours en chinois une mention de la zone centrale le "Jong" (中) écrit "Zhōng" en écriture phonétique, mais cette zone est omise dans la formulation "Toung Si Nan Peï".
Le mot "Jong" exprime le milieu, l'intérieur, le secteur central et le fait de ne pas le mentionner est symboliquement un signe de "folie": le fou fait l'impasse du Jong!
Les Habitués apprécieront que cette clef chinoise qui suggère de passer par la zone centrale sans oublier la Rose, est typiquement rosicrucienne: le "Jong" étant l'endroit de la Croix où s'exprime la Rose !
Comment alors ne pas apprécier à sa juste valeur la forme subtile du kanji "Jong" que les japonais nomment "Naka" et qui exprime si bien cette idée de passer par la zone centrale!