Un homme de mauvaise complexion, ayant une maladie contagieuse, comme la lèpre, le mal caduc, une fièvre aiguë, a par conséquent les yeux faibles à cause de ces maladies ou d’autres du même genre. Il communique sa maladie à ceux qui sont avec lui et les souille.
Au contraire, les hommes sains et de bonne complexion, surtout les jeunes gens, réconfortent et revivifient les hommes par leur seule présence.
Le mal s’accroît par la corruption. de péchés graves et nombreux, si le corps est faible et de mauvaise complexion, la personne tourne son esprit vers le mal et un désir de nuire.
La complexion, la maladie, sont subordonnées aux désirs, et elles en deviennent plus violentes.
C’est ainsi que, si un lépreux désirait d’une manière continue et véhémente, partager sa maladie à une personne présente, celle-ci serait souillée plus rapidement et plus violemment que si le lépreux n’y pensait pas, ne le désirait pas, n’y appliquait pas son esprit.
Le corps, comme l’enseigne Avicenne, obéit aux imaginations et aux désirs violents: le premier moteur est la pensée, ensuite naît un désir conforme à la pensée, enfin la force naturelle obéit à la pensée et aux désirs, et cela tant pour le mal que pour le bien.
Si dans un homme on trouve une bonne complexion, corps sain, jeunesse, beauté, élégance des membres, âme pure de souillures, pensée forte, désirs violents pour toutes les œuvres de beauté, alors tout ce qui peut être produit par l’aspect et le courage de l’homme, ses esprits et sa chaleur naturelle, il est évident que tous les phénomènes qui peuvent être produits par les esprits, émanations, influences, se produiront plus fortement et plus violemment que s’il n’y avait ni désir violent ni intention ferme.
Donc l’homme par paroles ou par actions, peut réellement produire des prodiges, quand il est en tout conforme à ce qui précède.
Les paroles naissent à l’intérieur, formulées par les pensées et le désir, et elles sont émises par la trachée-artère c’est pourquoi le mal que l’on peut causer par paroles vient de l’intérieur selon la puissance de leur nature.
Toutes ces choses nuisent quand elles proviennent d’un corps malade ou de mauvaise complexion.
Elles sont au contraire utiles et réconfortantes quand elles proviennent d’un corps sain et de bonne complexion.
Des phénomènes naturels se produisent avec de simples paroles et une intention puissante s'impose. La voix vive a une grande vertu. Certains l'imposent pour corrompre, mais elle peut opérer selon les lois naturelles.
C’est pourquoi il faut se diriger en ces choses avec prudence, car il est facile à
l’homme de se tromper, et l’on trouve en présence deux erreurs :
- les uns nient tout ce qui est surnaturel,
- les autres, tombent dans leur magie.
Il faut donc se garder de ces oraisons, de ces conjurations, de leur magie.
Eviter par exemple les communications portant sur l'office des esprits, la mort de l'âme, l'art grossier et d’autres en nombre infini, qui ne contiennent ni la puissance de l’art ni celle de la nature, mais des fictions de sorciers.
Considérer que parmi les communications qui sont regardées comme magiques, il en est qui ne le sont pas du tout et qui contiennent le secret des sages.
Certaines communications sont suspectes, d’autres ne le sont pas et un savant expérimenté apprend à les discerner.
Si quelqu’un trouve dans un de ces ouvrages quelque opération de la nature ou de l’art, qu’il le garde; sinon qu’il le rejette comme suspect, indigne du sage et illicite.
Le superflu ne doit pas être traité comme le nécessaire. Bannissons l'ignorance qui pourrait arrêter le raisonnable dans ses opérations .
Aristote précise en son Livre des Secrets, que l’intellect sain et bon doit être apporté en tout ce qui est nécessaire à l’homme en accordant une certaine influence de la divine puissance car toute réelle puissance est divine et n'est que divine puissance morale et puissance naturelle.
Toute puissance découle de l'action directrice de sa cause première et toute cause première influe davantage que toute cause seconde.