Nous revoilà dans le rosicrucianisme du 17e siècle avec ce portrait de Thomas Campanella le calabrais (1568-1639).
Il faut savoir que lorsqu'il publie son utopie "La Cité du Soleil", l'homme est à l'ombre...
Mais reprenons au début: il fait ses classes à Naples chez le sulfureux Gian Baptista Porta où il étudie la magie, l'alchimie, l'astrologie la kabbale et les sciences.
Soupçonné d'hérésie et de démonologie il est emprisonné à Rome dans la Torre dell'Annona, la prison pontificale, et lorsqu'il est libéré il se retire dans un discret petit monastère pour fomenter un coup d'état en Calabre contre la domination espagnole...
Dénoncé et accusé de rébellion et d'hérésie, il se retrouve condamné à perpétuité. Il connaîtra ainsi à nouveau et pendant 27 ans les prisons de Naples, Padoue, Rome avec, au milieu, une tentative d'évasion avortée en Turquie...
Mais son ouvrage "La Cité du Soleil" avait été récupéré par Tobias Adami et publié par la mouvance rosicrucienne du Cénacle de Tübingen...
Toujours est-il que l'ouvrage prône un vague idéal de théocratie papale... Un accord secret semble s'établir entre le pape Urbain VIII et Richelieu et Campanella est exfiltré par l'ambassadeur de France.
Nous retrouvons alors Campanella curieusement accueilli quelques temps chez Peiresc qui lui fait partager la discrétion de la secrète mouvance rosicrucienne française...
C'est difficile à admettre pour Campanella qui a passé sa vie à hurler depuis sa prison et dont la devise est Propter Sion non tacebo... (Eu égard à Sion, je ne me tairais pas...).
C'est un emprunt à Esaïe (62 1-5) et Sion fait allégoriquement allusion au Peuple des Élus en Captivité.
Et Peiresc de répondre:
En raison de la brièveté de la vie, il est inutile de se forcer à réfuter les doctrines des autres, il est préférable d'en apprécier les aspects positifs en laissant de côté les polémiques inutiles et fastidieuses. Il vaut mieux se limiter à enseigner ce que les Lumières Naturelles vous ont enseigné...