C'est le début de la fable de La Fontaine "Démocrite et les Abderitains".
Abdère étant la ville grecque de la Thrace dans laquelle vivait Démocrite représenté sur ce dessin que l'on attribue à Spencer Lewis.
Comme il riait de tout, son pays le crut fou...
"Petits esprits! Mais quoi?
Aucun n'est prophète chez soi.
Ces gens étaient les fous, Démocrite le sage."
Les abdéritains, donc, invitèrent Hippocrate à venir le soigner...
"Par lettres et par ambassade,
A venir rétablir la raison du malade.
Notre concitoyen, disaient-ils en pleurant,
Perd l'esprit : la lecture a gâté Démocrite.
Maintenant il parle à lui-même.
Venez, divin mortel ; sa folie est extrême."
Naturellement Hippocrate et Démocrite sympathisèrent.
Hippocrate déclara que Démocrite était l'homme le plus sain d'esprit qu'il soit et s'attacha à échanger fructueusement avec lui.
Et La Fontaine de conclure en critiquant la formule populaire: "vox populi, vox dei" (la voix du peuple est la voix de dieu):
"En quel sens est donc véritable
Ce que j'ai lu dans certain lieu,
Que sa voix est la voix de Dieu?"
Quand son monde de fous se croyait sage, Démocrite préférait passer pour fou.
Comme quoi, il conviendrait de savoir repérer les vrais sages parmi les fous.
N'est-ce pas le sens de cette formule raffinée que l'on entend parfois de l'autre côté de la Méditerranée?
-"Si tu rencontre la folle, fille d'un sage, épouse-la mais ne te laisse pas séduire par la sage fille du fou."