Lorsqu'un chercheur fuit les superstitions religieuses pour repartir à zéro dans un cheminement rosicrucien, il n'a pas fini de se heurter à leurs égrégores qui sont souvent puissants culturellement, familialement ou socialement...
Dans un environnement islamique par exemple le chercheur se heurte à des djinns...
Pour faire simple, les djinns sont des démons et tout ce qui n'est pas soumis à une stricte orthodoxie musulmane leur est soumis.
Par exemple, si un rosicrucien évoquait respectueusement le Maître Omar Khayam dans un environnement musulman, une odeur sulfureuse se répandrait... Les djinns ne sont pas loin et il ne faut pas les alimenter avec ce type de sujet...
Au passage il est facile de comprendre pourquoi les femmes arabes restent si attachées à leurs tenues traditionnelles et ne portent que difficilement des "jeans": il est hors de question pour elles de porter un djinn!
Dans un environnement bouddhique, le rosicrucianisme se heurte à la "prise de refuge".
La magie de l'égrégore bouddhiste cherche à se mettre hors de portée de toute critique en laissant affirmer que "le bouddhisme n'est ni une philosophie, ni une religion" tandis que la "prise de refuge" est un rituel d'intégration consistant à s'inféoder à l'égrégore.
Le bouddhiste alimente ainsi des "divinités courroucées" qui interviendront lorsque le chercheur en lui envisagera de prendre quelques distances avec certains concepts propres à l'égrégore.
Les "divinités" en question délégueront les gardiens astraux que le converti a lui-même longuement alimenté afin que sa culpabilité soit capable de les réveiller...
Un judaïsant expliquera au rosicrucien qu'il a déjà tout.
N'a t-il pas inventé la rose-croix?
En hébreu rosen signifie prince, et korôz signifie héraut, et donc qu'un rosen-korôz est un prince-héraut, un "rose-croix". Un goy ignorant ne peut pas savoir ces choses là.
Difficile alors d'expliquer que considérer qu'une personne est "rose-croix" est en soi une déviance assez fréquente ou que la kabbale hébraïque est une restriction de l'ennéade héliopolitaine, que Kether révèle la double couronne pharaonique, ou que l'alphabet hébreu raconte une comptine égyptienne, que les 72 anges sont les ouatou des égyptiens, que le monothéisme judéo-chrétien découle de la religion atonienne (instaurée par Akhenaton pour que le monde profane puisse contrer la secte toute puissante des Prêtres d'Amon qui avait détourné la Maat. Ils sont d'ailleurs revenus en force avec Amon-Râ...), ou que le peuple élu n'est pas forcément ce qu'on raconte.
Le jésuitisme chrétien est pour sa part farouchement opposé au rosicrucianisme qu'il combat sur différents fronts...
D'une manière directe, il s'oppose, comme la Fama Fraternitatis le raconte en évoquant le cas d'Haselmeyer, ce noble seigneur envoyé aux galères par les jésuites pour son rosicrucianisme.
Il s'attache à laisser circuler l'idée que le rosicrucianisme est un vague courant protestant... En effet, qui n'a pas lu que le rosicrucianisme était un illuminisme chrétien légendaire né en Allemagne au 17e siècle?
Plus subtilement, il y a une récupération doctrinale avec l'initiation au 18e degré maçonnique de "Chevalier Rose-Croix" dont l'influence jésuitique peut sauter aux yeux...
Enfin, il y a une récupération indirecte qui consiste à proposer insidieusement à des sympathisants rosicruciens de bénéficier du Sacrement de l'Ordre avec certaines capacités à opérer avec l'égrégore chrétien.
Dans ces contextes, chacun appréciera l'humour prudent d'un Jean Baptiste Willermoz demandant, en fin de 18e siècle, à ses apprentis de s'engager à "être fidèle à la sainte religion chrétienne" ce qui laissait et laisse toujours diverses interprétation possibles...