La photo représente Raymond Lulle de Majorque (1232-1315) tel qu'on l'imaginait au 18e siècle.
C'est un personnage qui gagne à être connu...
Sa devise "lux mea est ipse dominus" (ma lumière est le seigneur lui-même) mérite une réflexion approfondie car si son sens exotérique très chrétien, au sens religieux du terme (je suis guidé uniquement par la lumière du Seigneur), satisfait généralement le profane, une approche ésotérique peut dégager une nuance rosicrucienne assez différente: la lumière qui peut émaner de moi (après naturellement dissolution de l'ego) exprime mon Être Intérieur".
Sa culture, chrétienne islamique et juive lui permettait d'écrire ses textes en arabe, en latin et en catalan. Il fut d'ailleurs le premier à écrire dans cette langue naissante locale.
Il maîtrisait naturellement aussi le castillan et avait, on s'en doute, des facilités naturelles en occitan, en napolitain ou en figoun...
Au travers de ses écrits, les chercheurs de l'Université de Barcelone distinguent de nos jours 3 auteurs différents, ce qui montre que le personnage n'a pas manqué d'être récupéré au cours des âges, ce qui est le cas finalement de tous les Rosicruciens du passé...
Il est aisé de comprendre que certains écrits sont des faux qu'il convient naturellement de zapper, d'autres, ses écrits alchimiques en particulier, sont vrais mais rejetés par la doxa chrétienne, ceci n'excluant pas qu'il y ait aussi de faux écrits alchimiques attribués à Lulle...
Le personnage a circulé dans toute l'Europe pour partager sa Lumière ("pour convertir" selon la pensée religieuse) et il s'est trouvé aussi à Saint Jean d'Acre à l'époque où c'était le dernier bastion templier en Terre Sainte.
Après la destruction de l'Ordre du Temple en 1307, sous une couverture franciscaine, il a cherché à protéger les Templiers.
Une œuvre intéressante, en catalan, est "Llibre d'amic e Amat" (le livre de l'ami et de l'Aimé) dont nous pourrions regretter qu'il ne l'ait pas traduit lui-même en français...
L'ami, c'est le personnage à la recherche de son Aimé: son Être Intérieur...
Les Habitués apprécieront ce passage (en version originale catalane suivi de la traduction du Bistrot puis de celle de Max Jacob (un copain de Picasso et Modigliani).
"Qüestió fo enfre los ulls e la memòria de l’amic, cor los ulls deien que mellor cosa és veer l’Amat que membrar-lo; e la memòria dix que per lo remembrament puja l’aigua als ulls e el cor s’enflama d’amor."
Comment se trouve l'ami entre ses yeux et sa réminiscence, car les yeux déclarent que la meilleure chose serait de voir l'Aimé pour le distinguer et la réminiscence dit que son évocation lui met les larmes aux yeux tandis que le cœur s'enflamme d'amour. (BR+C)
"Les yeux de l'Ami et sa Mémoire tinrent conseil pour juger de la prééminence de l'un d'eux. Les yeux alléguaient qu'il était meilleur de voir l'Aimé que de se souvenir de Lui. La mémoire disait que les larmes montent aux yeux par le Souvenir, que par lui le cœur s'enflamme d'amour." (Max Jacob).
Pour départager, voilà la traduction de Google:
"La question était les yeux et la mémoire de l'ami, les yeux disaient que la meilleure chose à faire est de voir l'Amat qui le nomme; et le souvenir disait que pour le souvenir, l'eau montait dans les yeux et le cœur gonflait d'amour."
Ayant mieux ressenti, à présent, la personnalité de Raymond Lulle, les Habitués peuvent entrevoir désormais l'identité du mystérieux alchimiste en visite à la cour d'Angleterre, évoqué dans le récent message: "Une Tradition des Chevaliers Rose+Croix" car certaines sources affirment que c'était précisément Raymond Lulle...