L'authenticité fait partie de ces vertus que la tradition héliopolitaine attribuait à la déesse Maat et que le chercheur de lumière éveille conjointement comme la recherche de vérité, l'intégrité, la justice et plus généralement la sincérité.
Certes, chacun se croit sincère, mais au fil de la progression la sincérité devient plus authentique, de la même manière que lorsque le corps psychique devient davantage cristallin, la notion de la transparence évolue et devient elle aussi plus exigeante.
Il s'agit donc aujourd'hui de s'efforcer de ressentir chez Aldo Manuce (voir les messages précédents) le rosicrucianisme, dans le sens le plus qualitatif du terme qu'il nous soit permis de capter...
Un document utile pour ce travail est "l'Hellenisme à Venise" par Ambroise Firmin Didot (1790-1876).
- Son humanisme: Aldo Manuce précise que "son entreprise commence à l'époque ou les armes sont davantage maniées que les livres" (...) Aujourd'hui l'homme, livré à l'appétit des brutes, n'a plus de l'homme que la forme : il est aussi insensible aux sentiments d'honneur et de religion (au sens de l'époque, c'est à dire de connexion cosmique. Note du Bistrot) que des statues de pierre.
Et il avait compris que le remède pour reformer la société dépendait de l'éducation des générations a venir.
- Sa reconnaissance envers autrui: Très apprécié de ses contemporains, il trouva des protecteurs dévoués et des collaborateurs désintéressés, zélés, pénétrés d'importance de leur mission et de même il fit sien de proverbe latin "Suum cuique tribuere": à chacun son tribut (son dû).
C'est ainsi qu'il incitait les chercheurs de son entourage à enrichir ses éditions de leurs commentaires ou de leurs préfaces signées.
- Un relationnel de haut niveau: il entretenait des relations suivies avec des savants et d'érudits collectionneurs de divers pays et il fonda une Académie des Philhellènes pour perpétuer l'influence des philosophes grecs.
- L'esprit de la Renaissance: conscient de l'influence grecque dans la civilisation, il s'efforçait de rééditer leurs ouvrages en affinant les textes par une étude comparée des manuscrits car un seul ne suffisait pas toujours pour établir un texte à peu prés correct.
- L'importance des maîtres: alors que chacun pouvait s'attendre que l'éditeur privilégie la promotion de ses livres, il insistait sur l'importance des maîtres auxquels il déclarait: "Le maître est plus important que le savoir"(...) "Vous n’êtes pas seulement des maîtres, mais vous êtes les pères des enfants, et puisque vous avez voulu vous mettre, vous précepteurs, aux lieu et place des parents, c'est de vos qualités bonnes ou mauvaises que dépend le sort du monde entier en bien et en mal."
- Son dévouement: Gros travailleur il était constamment dévoué à son œuvre d'éditeur et il avouait: "Je consume ma vie au salut public"...
- La reconnaissance envers les Maîtres de la Tradition: "Le monde est toujours ingrat pour ses bienfaiteurs."
(à suivre...)